Mourir revient toujours aussi cher
Les enterrements coûtent plusieurs milliers de francs et leur prix ne baisse pas. Les formalités et taxes sont nombreuses et les tarifs des pompes funèbres difficiles à comparer
La mort ne permet pas d’échapper aux considérations matérielles. L’enterrement est en effet un service loin d’être bon marché. Sur la base des indications de tarifs du site Enterrement.ch, il en coûterait 7820 francs. Comme la Suisse a enregistré 66971 décès en 2017 (dont 41528 de personnes de 80 ans ou plus), cela signifierait que le chiffre d’affaires avoisinerait 524 millions de francs.
La liste obtenue du site Enterrement.ch comprend toutefois des tarifs qui dépendent des autorités, d’autres des services des pompes funèbres et d’autres, enfin, qui sont optionnels, comme l’avis dans les médias ou la verrée après la cérémonie. Les montants les plus onéreux concernent le cercueil (1000 francs), la concession du cimetière (1500 francs), le monument funéraire (1000 francs) ainsi qu’une série de taxes et de formalités. Le coût de ces dernières n’a d’ailleurs pas tendance à baisser. Les tarifs viennent par exemple d’être revus à la hausse en ville de Lausanne au début janvier. Alternatives «vertes» aux Etats-Unis
Malgré l’ubérisation de nombreuses branches de l’économie, l’enterrement demeure un service cher et souvent opaque, ainsi que l’a récemment démontré l’émission A bon entendeur sur la RTS. Chaque canton, chaque com- mune, chaque service de pompes funèbres a ses propres prix. Lorsqu’une famille souffre de la perte d’un être cher, personne n’a envie de se plonger dans une comparaison des prix. Mieux vaut donc être un peu préparé.
Les formes alternatives émergent dans le monde sous l’effet de la demande des millennials, selon le Washington Examiner. Un jeune Britannique sur quatre aimerait voir ses cendres comprimées dans un disque vinyle et un autre quart aimerait que ses cendres soient transformées en électricité. L’offre ne répond pas encore à ces demandes. Mais la tendance aux «enterrements verts» se concrétise. Ceux-ci visent à réduire les effets négatifs pour l’environnement. Cinquante-quatre pour cent des Américains souhaiteraient des funérailles vertes, selon le New York Times. La cérémonie «durable» la plus simple consiste alors à couvrir le défunt d’un tissu en coton avant de l’ensevelir. Une organisation sans but lucratif, le Green Burial Council, propose différentes méthodes qu’elle qualifie de «durables».
L’ONG a calculé que les Américains utilisaient pour les services funéraires 7 millions de mètres de bois, 64000 tonnes d’acier, 17000 tonnes de cuivre et de bronze et 1,6 million de tonnes de béton pour les enterrements. Les Etats-Unis et le Canada disposent déjà de 150 cimetières verts.
Ces initiatives pourraient durement frapper cette industrie. La valeur du marché américain de l’enterrement est estimée à 20 milliards de dollars, sur la base d’un coût moyen de 8500 dollars. La tendance est ici aussi à l’incinération. D’ailleurs, pour la première fois, elle est plus populaire que l’inhumation. Incinération en majorité
En Suisse, la tendance à l’incinération augmente. Selon A bon entendeur, 85% des enterrements sont effectués par incinération. Toutefois, même pour l’incinération, le corps doit être placé dans un cercueil. Et les réglementations sont précises et strictes, même si la concurrence est vive pour ce service d’intermédiation.
L’environnement local joue aussi un rôle majeur. Par exemple, l’absence de crématoire dans le Jura oblige les personnes qui désirent une incinération à se déplacer jusqu’à La Chaux-de-Fonds, indique Lionel Humbert, responsable de l’entreprise de pompes funèbres du même nom. Le coût de l’incinération est alors rendu très supérieur à celui de l’inhumation.
Dans le Jura, Lionel Humbert, fort de son expérience de 22 ans, propose un service d’inhumation pour 2350 francs au minimum et l’incinération pour 2990 francs. Le service comprend le cercueil (en sapin), la mise en bière, le transport de la morgue au cimetière. «L’objectif est de libérer la famille des contraintes pour qu’elle puisse se concentrer sur ses préoccupations principales. Nous ne voulons pas profiter du malheur des gens», insiste-t-il.
Si le choix du cercueil se porte le plus souvent sur un bois de sapin (de 500 à 1000 francs), un bois plus noble, comme le chêne massif, peut coûter 2350 francs, selon notre interlocuteur. En Suisse, le principal producteur est le groupe lucernois Egli.
Le domicile du défunt est important. Certains services d’inhumation peuvent être gratuits dans certaines communes et coûter plus de 1000 francs d’autres, constate Lionel Humbert. «Pour un enfant, nos services sont gratuits», ajoute-t-il.
Tarifs en fonction du domicile
A Lausanne, selon les tarifs introduits en 2019, le transport de personnes décédées est gratuit si le défunt y est domicilié, 240 francs dans le cas contraire, auxquels s’ajoute la TVA. Pour les premiers, l’incinération est gratuite, mais sinon elle coûte 700 francs pour un adulte ou un enfant de plus de 12 ans. Dans le cas de l’inhumation de corps, si le défunt n’est pas domicilié à Lausanne, il faudra payer une taxe d’inhumation (220 francs), une taxe d’entrée (400 francs) et une tombe à la ligne (520 francs). Dans ce dernier cas, l’endroit de la sépulture ne peut pas être défini par la famille. Pour un résident de Lausanne, ces services sont gratuits.
Mais il n’échappera pas aux nombreux émoluments concernant les permis d’inhumer ou d’incinérer, les procès-verbaux de mise en bière, dont 90 francs (domicile à Lausanne, sinon 140 francs) pour le «déplacement et la présence d’un fonctionnaire de l’autorité communale durant le soudage du cercueil et la pose des scellés (une heure prévue)». Un supplément de 50 francs est prévu en cas d’attente (par heure).
En Suisse, le marché de l’enterrement générerait un chiffre d’affaires annuel proche de 524 millions de francs (ici, le cimetière Saint-Georges, à Genève).
Malgré l’ubérisation de nombreuses branches de l’économie, l’enterrement demeure un service cher et souvent opaque
Le prix d’un enterrement peut être trop élevé pour certaines familles. Le canton offre alors une aide aux plus démunis. D’où l’importance pour un service de pompes funèbres de bien connaître la famille du défunt. «J’avise toujours la famille du coût d’un enterrement», prévient Lionel Humbert. Le service tend toutefois à la simplicité. «L’ornement floral a tendance à se réduire. Il y a quelques années, il pouvait aller jusqu’à 3000 francs. Aujourd’hui, on ne trouve parfois qu’une gerbe pour 50 francs», note Lionel Humbert.
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