Quatre Verts pour un siège
Le parti écologiste vaudois est le mieux placé pour remporter un fauteuil supplémentaire au Conseil national cet automne. Quatre candidats en tête de liste s’attendent à se retrouver dans un mouchoir de poche
Après les cartons réalisés par les écologistes dans les cantons de Zurich, de Bâle et de Lucerne cette année, les Verts vaudois veulent s’emparer d’un siège supplémentaire aux élections fédérales. Les électeurs auront l’embarras du choix: quatre candidats en tête de liste se profilent à mesure égale pour prendre ce mandat supplémentaire dont le canton de Vaud disposera dans la prochaine législature. Une rivalité pour l’heure paisible. Les deux premières places sont, elles, convoitées par les deux sortants, Adèle Thorens et Daniel Brélaz, non contestées lors du congrès.
Comme un trèfle à quatre feuilles – une rareté censée porter chance – Alberto Mocchi, Léonore Porchet, Raphaël Mahaim et Sophie Michaud Gigon sont favoris pour ce siège supplémentaire. Tous sont de bons candidats, se démarquant par la variété de leurs parcours. Au point qu’il est bien difficile d’en faire sortir un du lot, ils se tiendront très certainement dans un mouchoir de poche le jour des élections.
Daniel Brélaz, incapable d’établir un pronostic
Pas de guerre fratricide à l’horizon. «Des règles strictes ont été établies, on ne fait pas de campagnes personnalisées pour les élections au scrutin proportionnel. La liste des Verts, on la tire ensemble, dans tout le canton», explique Daniel Brélaz. Le conseiller national a annoncé son départ en cours de législature, ouvrant encore un peu plus le jeu. A cette sélection de quatre noms, sur laquelle s’accordent les observateurs, l’ancien syndic de Lausanne ajoute Maurice Mischler, le syndic d’Epalinges et la municipale d’Yverdon Carmen Tanner: «Eux aussi ont leur chance.» «Chacun a ses réseaux, sa région, et je serais bien incapable pour une fois d’émettre un pronostic. Je ne prévois guère plus de 2000 suffrages d’écart entre le 3e et le 6e candidat.» C’est parce que le canton s’est démographiquement agrandi qu’il bénéficie d’un 19e siège au parlement fédéral, et les Verts semblent les mieux positionnés pour s’en emparer. En 2015 déjà, les écologistes auraient été les plus près d’arracher un siège supplémentaire, une hypothèse renforcée cette année par la sensibilité climatique qui entoure ce scrutin.
Une parité de genre
Un groupe stratégique au sein du parti a trié les candidats et sélectionné ses têtes de liste pour le national. Il a placé son président de parti cantonal, Alberto Mocchi, 32 ans, en première place. Oleg Gafner, président des Jeunes Verts explique ce choix: «Nos critères étaient basés sur le réseau des candidats, leurs expériences politiques, leur maîtrise de l’allemand, leur implication au sein du parti. C’est notamment pour ce dernier point qu’Alberto Mocchi a été placé devant, mais nous avons également veillé à la parité ville-campagne et à la représentation hommesfemmes. Sincèrement, ces quatre premières places sont interchangeables.» Ancien collaborateur personnel de la ministre Béatrice Métraux, Alberto Mocchi avait raté son entrée au Grand Conseil en 2017 pour quatre malheureuses voix. Municipal à Daillens, il tire son réseau entre autres de l’Association suisse des infirmières et infirmiers et des jeunesses campagnardes.
La députée Léonore Porchet, très présente sur les questions de genre, activiste remarquée contre le harcèlement de rue, est également visible dans des associations culturelles et sanitaires. Son groupe égalité vient de faire adopter aux Verts vaudois l’écriture inclusive en adoptant un changement de nom, ils s’appellent désormais les Vert-e-s. «J’espère que les électeurs voteront femme, car c’est ce que je fais toujours. L’objectif des Verte-s est d’envoyer plus de femmes au national et aux Etats. C’est déjà un acte fort de placer la jeune femme de moins de 30 ans que je suis en tête de liste. En année de grèves féministe et climatiques, c’est une vraie réponse.»
Tous sont de bons candidats, se démarquant par la variété de leurs parcours
Raphaël Mahaim, 35 ans, est l’un des plus anciens députés verts en fonction au Grand Conseil et n’y a pas fait que du présentéisme. «J’ai pesé sur de gros dossiers comme la sortie du canton de Vaud des hydrocarbures ou la loi sur les écoles de musique pour ne citer que les derniers.» Raphaël Mahaim est associé dans l’étude de l’ancien sénateur Luc Recordon, dont il est un peu le fils spirituel.
En cas d’élection, Sophie Michaud Gigon, 44 ans, porterait à Berne la double casquette de défenderesse des consommateurs et d’élue verte. Secrétaire générale de la FRC (la Fédération romande des consommateurs) qui souffle cette année ses 60 bougies, elle arpente depuis quinze ans les couloirs du parlement comme lobbyiste. «En cas d’élection, oui, ce serait un avantage. Avant d’être à la FRC, j’étais secrétaire romande de ProNatura, je jouis d’une certaine assise à Berne. Mais la meilleure façon de défendre le large spectre des consommateurs est d’y siéger. Il y a tellement de choses à faire, à commencer par une loi contre l’obsolescence programmée, une meilleure défense des primes des assurés, contrer le gaspillage des ressources, des emballages: vous voyez, beaucoup de thématiques sont communes aux Verts et à la FRC.»
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