Le spectre de la récession revient
La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi les surtaxes américaines contre des biens importés du Mexique interpellent les économistes. Des indicateurs conjoncturels publiés lundi ne poussent également guère à l’optimisme
Une nouvelle récession mondiale serait-elle en gestation? Pas moins de trois études ainsi que divers indicateurs économiques publiés ces jours laissent présager le pire. En cause, la guerre commerciale opposant les EtatsUnis à la Chine qui dure depuis plus d’un an et dont rien ne laisse penser à un dénouement rapide. Même si dimanche, les autorités chinoises, tout en se montrant inflexibles, ont indiqué qu’elles étaient prêtes à retourner à la table des négociations.
Les Etats-Unis et son voisin du sud sont aussi en crise et la situation ne laisse pas les analystes indifférents. Sous le coup des sanctions – 5% des surtaxes sur les biens importés aux Etats-Unis à partir du 10 juin –, le Mexique a expédié son ministre des Affaires étrangères à Washington pour plaider un compromis.
«Une récession globale pourrait démarrer dans les neuf mois si le président Donald Trump devait aller de l’avant avec sa menace d’imposer une surtaxe de 25% sur 300 milliards d’importations de biens chinois et si Pékin prenait des mesures de rétorsion.» C’est ce que pronostique la banque d’investissement Morgan Stanley dans une étude publiée ce weekend. «Les investisseurs affirment que la guerre commerciale va perdurer», écrit son chef économiste, Chetan Ahya. Une autre étude de la même banque se demande si la Réserve fédérale ne viendrait pas à la rescousse de la croissance américaine qui serait impactée par la guerre commerciale.
JPMorgan Chase & Co, autre grande banque américaine, affirme pour sa part que la probabilité qu’une récession s’installe aux Etats-Unis au second semestre 2019 a augmenté à 40%, contre 25% il y a un mois. «Les derniers développements dans la guerre commerciale auront des conséquences dommageables durables sur la confiance des investisseurs», écrit la banque au lendemain de l’annonce de la surtaxe de 5% sur tous les biens importés du Mexique par les Etats-Unis.
Un sondage auprès de 53 économistes de grandes universités et entreprises américaines, ne dit pas autre chose. Selon les résultats publiés lundi par la National Association for Business Economics, ces derniers estiment à 60% le risque que l’économie américaine entre en récession avant la fin 2020, contre 35% lors du précédent sondage.
Ralentissement plus fort que prévu
Voilà pour les analyses. De nombreux indicateurs publiés lundi mettent en exergue les faiblesses dans les grandes économies et confirment les craintes. L’activité du secteur manufacturier aux Etats-Unis a ralenti en mai plus que prévu. L’indice des directeurs d’achats ISM publié lundi a perdu 0,7 point de pourcentage, à 52,1%, alors que les analystes misaient sur un léger repli à 52,6%. En Chine, le Purchasing Managers Index (PMI), qui reflète le sentiment des directeurs d’achats est tombé en mai à 49,4 points, le niveau le plus bas depuis la crise de 2008-2009.
Le mince espoir d’un cessezle-feu réside dans la rencontre entre le président américain, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping, en marge du prochain sommet du G20, du 28 au 30 juin à Osaka. Les ministres des Finances devraient aussi se rencontrer le week-end prochain au Japon.
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Depuis l’annonce de futurs tarifs douaniers sur les biens en provenance du Mexique, les Etats-Unis et leur voisin du sud sont en crise diplomatique.