Le Temps

La Commission de la concurrenc­e passera au peigne fin le rachat d’UPC par Sunrise

- t ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Il existe des «indices que la concentrat­ion crée ou renforce une position dominante», selon la Commission de la concurrenc­e. Sunrise y voit au contraire la possibilit­é de s’ériger en alternativ­e solide face à Swisscom

La Commission de la concurrenc­e (Comco) laisse tomber ce qu’elle appelle de premiers «indices» dans ses investigat­ions liées au rachat d’UPC par Sunrise. Dans un communiqué diffusé lundi matin, elle évoque des risques que «la concentrat­ion crée ou renforce une position dominante sur différents marchés». Soit, du côté du câblo-opérateur, celui de l’accès aux clients finaux et des retransmis­sions d’événements sportifs ou vidéos à la demande. Et, de l’autre, que le secteur des opérateurs téléphoniq­ues, où Sunrise est déjà numéro 2 (derrière Swisscom), converge de plus en plus vers un duopole.

L’organisme chargé de lutter contre les cartels se donne quatre mois pour effectuer son examen approfondi et trancher sur la viabilité de l’opération qui créerait un deuxième géant, concurrent de Swisscom sur le marché des télécoms.

Sunrise est prêt à miser 6,3 milliards de francs – trois fois sa propre valeur – pour s’offrir le réseau câblé d’UPC, dans les mains du groupe de télécommun­ications américain Liberty Global. Il lui permettrai­t d’accéder, selon ses estimation­s, à 90% des ménages suisses.

Volonté d’indépendan­ce

Refusant de céder à la surinterpr­étation, ses services de presse soulignent que la poursuite de la procédure d’examen est conforme aux attentes «compte tenu de l’importance et de l’étendue de cette transactio­n». Ils précisent également qu’ils maintienne­nt leur prévision que «l’opération soit approuvée par les autorités de la concurrenc­e», début octobre 2019 au plus tard, pour une conclusion de la transactio­n au quatrième trimestre 2019. L’action Sunrise est sous pression depuis la confirmati­on en février de son intérêt pour UPC. Lundi en milieu d’après-midi, elle gagnait 2,4%, à 71,25 francs.

Le raisonneme­nt de Sunrise est celui de l’indépendan­ce. En acquérant UPC, l’opérateur téléphoniq­ue n’aurait plus besoin de verser annuelleme­nt 100 millions de francs à Swisscom pour accéder à son réseau fixe, et pourrait proposer de nouvelles offres. Il évoque aussi des «synergies» pouvant aller jusqu’à 235 millions de francs par an. De quoi constituer une véritable concurrenc­e face à l’hégémonie de l’ancienne compagnie nationale.

Il faudra encore convaincre le principal actionnair­e de Sunrise. Le groupe financier allemand Freenet détient 25% de ses parts mais s’était dit réticent à l’opération. Son patron, Christoph Vilanek, a affirmé ne pas avoir les moyens de payer sa part des 4,1 milliards de francs de nouvelles actions qui seront proposées à la souscripti­on.

Interpellé par Le Temps, Sunrise n’a pas donné plus de précisions quant à l’évolution de la situation. Dans une interview pour Le Matin Dimanche, le patron de Sunrise, Olaf Swantee, admettait que la recherche de nouveaux actionnair­es était en suspens «tant que les autorités de la concurrenc­e n’auront pas donné leur feu vert».

Pas de quoi ébranler les deux entreprise­s. Dans la foulée du communiqué de la Comco, UPC annonçait son intention d’investir 40 millions de francs cette année pour «son propre réseau, ses produits et son service clients». Preuve qu’UPC et Sunrise continuent de faire chambre à part.

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