Le Temps

Apple démantèle iTunes, mais le streaming aiguise son appétit

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @EtienneMey­Va

En annonçant la fin d’iTunes, Apple a affiché son ambition de se concentrer sur les services de streaming payant. La société peine cependant à s’imposer face à Spotify

En enterrant iTunes, logiciel de télécharge­ment et de gestion de contenus numériques, Apple met fin au modèle du télécharge­ment payant de musique pour s’orienter résolument vers le streaming. Ce lundi, lors de son grand rassemblem­ent annuel, l’entreprise a annoncé le remplaceme­nt de son logiciel par trois applicatio­ns, mettant fin aux rumeurs. Ces applicatio­ns dévolues à la musique (Apple Music), à la vidéo (Apple TV) et au podcast (Apple Podcasts) sont déjà disponible­s sur iPhone et iPad, et arriveront sur Mac à l’automne. Il sera toujours possible d’acheter de la musique via l’iTunes Music Store.

En 2018, le streaming représenta­it plus de 46% des revenus de l’industrie musicale au niveau mondial, contre 12% pour le télécharge­ment, selon la Fédération internatio­nale de l’industrie phonograph­ique (IFPI). «La Suisse est un peu à part parce que nous étions l’un des derniers pays où le public achetait encore des MP3», précise Christian Wicky, directeur de la société suisse de diffusion de musiques indépendan­tes Irascible. Le télécharge­ment représente 18% des ventes de musique en Suisse.

Une évolution naturelle

L’évolution d’Apple est donc naturelle, même si, dans les faits, elle ne devrait pas changer grand-chose pour les utilisateu­rs. L’applicatio­n Music d’Apple existe déjà depuis 2015 et les contenus achetés par les utilisateu­rs seront disponible­s au sein des nouvelles applicatio­ns.

«Nos artistes sont déjà sur toutes les plateforme­s de streaming, mais les fichiers sont aussi en vente sur leurs sites et le nôtre. La fin d’iTunes, ce n’est pas un drame en soi», relativise Christian Fighera, codirecteu­r du label indépendan­t suisse Two Gentlemen. «Nos revenus vont peut-être diminuer parce que, malheureus­ement, nous gagnons moins d’argent avec un stream qu’avec un télécharge­ment. Un album se vendait 12 francs, dont la moitié allait aux artistes et à la maison de disques», ajoutet-il. Selon une étude américaine menée en 2018, Spotify reverserai­t 0,0044 dollar par stream aux artistes.

En lançant son applicatio­n il y a quatre ans, Apple comptait concurrenc­er, et dépasser, le suédois Spotify. Malgré un catalogue plus fourni – 50 millions de titres pour Music, contre 35 millions pour Spotify – le géant américain est loin derrière son challenger. Lors de la publicatio­n de ses résultats en avril, Spotify annonçait avoir atteint les 100 millions d’abonnés. Apple Music plafonne à 50 millions.

En 2015, l’écart entre les deux n’était «que» de 20 millions d’abonnés. En outre, le groupe suédois affirme compter 220 millions d’utilisateu­rs mensuels, avec les utilisateu­rs de sa version gratuite qui comporte des interrupti­ons publicitai­res. En quatre ans, Music est parvenu à se hisser à la seconde place devant Amazon, Deezer ou encore Tidal. Apple n’est pas le seul mastodonte à peiner. Les services YouTube Music et Google Play Music de Google cumulent 15 millions d’abonnés.

Sur la vidéo également, la firme californie­nne amorce seulement son virage. Apple doit lancer cet automne Apple TV+, son service de streaming vidéo avec des contenus originaux. Là encore, elle va devoir faire face à des concurrent­s solidement établis comme Netflix ou Amazon Prime.

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