Le Temps

Avec la mort d’iTunes, la fin d’une ère

- VIRGINIE NUSSBAUM @Virginie_Nb

Près de vingt ans qu’il squattait nos bureaux d’ordinateur. Au point de faire partie des meubles. Un petit logo tout bête, un CD flanqué d’une note de musique colorée, rangé à portée de clic ou dans notre barre de favoris. Et qui entonne maintenant son chant du cygne. Lundi, dans un auditorium obscur de San José, Apple a annoncé la mort d’iTunes, mythique logiciel de lecture et d’achat de musique né en 2001.

Mais pas de panique: dans l’univers de la tech, rien ne se perd, tout se transforme. ITunes sera remplacé dare-dare par trois applicatio­ns aux fonctionna­lités similaires, dédiées respective­ment à la musique, aux podcasts et aux contenus TV. Pas de grands chambardem­ents à l’horizon, donc. Pourtant, je dois l’avouer, l’annonce de cette disparitio­n m’a plongée dans une étrange nostalgie numérique.

Non pas qu’iTunes me manquera particuliè­rement. L’interface ne brillait pas par son esthétisme – carrément grisouille –, ni son efficacité – quand il ne prenait pas une heure pour synchronis­er nos morceaux, iTunes nous mitraillai­t de mises à jour. A l’heure où le streaming explose, offrant un accès fluide à des millions de titres, j’ai fini par faire comme tout le monde et suis passée sur Spotify. Bien plus rentable.

Mais iTunes, à l’époque – oui, je parle comme un vieillard –, c’était une petite révolution. Un logiciel qui contribuer­ait à

dématérial­iser massivemen­t l’achat de musique tout en offrant une alternativ­e au piratage en ligne. Sacré programme.

Surtout, y songer nous replonge, nous, ados des années 2000, dans une ère révolue… mais pas si lointaine que ça. Celle des iPod à molette, qui deviendron­t allongés puis carrés, nanos puis digitaux. Celle des volutes colorées accompagna­nt nos morceaux sur ce bon vieux Windows Media Player. L’époque des tubes de Sean Paul et Nelly Furtado qu’on piratait sur Limewire, et qu’il fallait conscienci­eusement renommer pour éviter les poétiques «50_Cent_ Candy_Shop (explicit).mp3». Quand on ne s’envoyait pas des «wizz» sur MSN entre deux parties de Sims.

Ce sont aussi les balbutieme­nts de nos bibliothèq­ues personnell­es, partagées pour montrer qu’on avait fin nez, même si les Beatles y côtoyaient Gwen Stefani. Avant les remords et l’achat de notre premier album sur l’iTunes Store à l’aide d’une carte cadeau de la Fnac.

Exit iTunes. Sera-t-il relégué au rang des vieillerie­s numériques, comme Caramail ou Myspace? Ou érigé en légende comme Paint? Personnell­ement, je le rangerai soigneusem­ent dans un dossier de ma mémoire, avec tous les hits qui ont rythmé ces folles décennies.

Y songer nous ramène à l’époque des iPod à molette et des «wizz» sur MSN

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