Dépenses suspectes: Renault envisage de poursuivre Ghosn
Le constructeur automobile français envisage des poursuites contre son ancien patron Carlos Ghosn après avoir révélé mardi soir qu’il avait engagé 11 millions d’euros de «dépenses suspectes» au sein d’une filiale commune avec Nissan basée aux Pays-Bas
Renault finit le ménage dans ses comptes et clôt un chapitre qui a empoisonné durant plusieurs mois ses relations avec l’allié japonais Nissan, à l’origine des révélations qui ont conduit à l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon le 19 novembre dernier.
L’audit interne, mené conjointement depuis des mois par Renault et Nissan au sein de leur filiale néerlandaise RNBV, a identifié 11 millions d’euros (12,28 millions de francs) de dépenses douteuses.
Le conseil d’administration de Renault, qui se réunissait mardi pour étudier un projet de fusion avec Fiat Chrysler, a pris connaissance des conclusions définitives de l’audit commandé au cabinet Mazars.
Les 11 millions d’euros recouvrent des «surcoûts de déplacement de Carlos Ghosn par avion», qui pourraient être des trajets personnels en jet privé, «certaines dépenses engagées par Carlos Ghosn» et «des dons ayant bénéficié à des organismes à but non lucratif», ont-ils précisé.
«Sur la base de ces constats, le conseil d’administration a décidé […] de demander aux représentants de Renault de se rapprocher de leurs homologues de Nissan dans les instances de gouvernance de RNBV en vue de la mise en oeuvre des actions judiciaires disponibles aux Pays-Bas».
«La justice tranchera»
«L’Etat déposera tous ces éléments à la justice et il y aura une plainte. Elle sera instruite et la justice tranchera», a affirmé le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire mercredi, précisant que la plainte serait déposée par Renault lui-même.
L’avocat français de Carlos Ghosn s’est de son côté offusqué contre l’opacité du processus, réclamant l’accès à l’ensemble des documents. Les révélations de Renault mardi vont compliquer la défense de l’ancien capitaine d’industrie de 65 ans. Actuellement assigné à résidence à Tokyo après une longue détention, il clame son innocence et a dénoncé à plusieurs reprises un complot ourdi par Nissan.