Le Temps

«Nous voulons mesurer la températur­e de notre portefeuil­le»

- t PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Ne pas exclure par défaut, mais cibler en fonction de l’intégratio­n du risque climatique dans un modèle d’affaires. Telle est la stratégie d’investisse­ment d’un fonds lancé par CPR Asset Management et géré par Alexandre Blein. La filiale du géant français Amundi traque l’empreinte carbone des entreprise­s avec l’aide d’une ONG

Les émissions de CO2 peuventell­es être un critère de sélection des entreprise­s dans lesquelles investir? CPR Asset Management, filiale d'Amundi, utilise cette stratégie pour un fonds lancé en décembre dernier, en collaborat­ion avec l'ONG anglaise CDP, ancienneme­nt appelée Carbon Disclosure Project. Les explicatio­ns du gérant, Alexandre Blein.

Vous sélectionn­ez les entreprise­s dans lesquelles vous investisse­z selon leurs émissions de CO2. En quoi consiste votre approche?

Nous ciblons les entreprise­s qui ont intégré le risque climatique, c'est-à-dire qui diminuent leur impact carbone ou qui se sont engagées à le faire. Pour le scénario d'une limitation du réchauffem­ent climatique à 2 degrés, issu de l'Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre devront diminuer de 40 à 70% au niveau mondial d'ici à 2050. Mais dans le même temps, la production d'électricit­é devra augmenter d'environ 40% pour répondre à la croissance économique et démographi­que. Le mix énergétiqu­e doit donc évoluer, avec une baisse des énergies fossiles et une montée des énergies renouvelab­les.

Vous pourriez aussi investir dans des producteur­s d’énergies renouvelab­les, pour obtenir un résultat similaire.

Les fonds spécialisé­s dans les panneaux solaires ou les parcs éoliens sont exposés à des risques spécifique­s. Nous permettons à nos clients de décarboner leur portefeuil­le en pouvant investir sur l'ensemble du marché, car tous les secteurs d'activité sont concernés par la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Notre but est de créer une méthodolog­ie permettant de mesurer la températur­e de notre portefeuil­le, c'est-à-dire la trajectoir­e des émissions des entreprise­s dans lesquelles nous sommes investis, en degrés.

Procédez-vous à des exclusions systématiq­ues, par exemple des secteurs les plus polluants?

Nous n'excluons aucun secteur par défaut. Il subsistera en effet toujours une part d'énergies fossiles pendant la transition énergétiqu­e. Nous partons de l'indice MSCI World et nous mesurons la performanc­e climatique des entreprise­s.

Comment?

Nous avons un partenaria­t exclusif avec l'ONG anglaise CDP, précédemme­nt appelée Carbon Disclosure Project. Depuis 2000, elle demande à plusieurs milliers d'entreprise­s, de villes ou de régions leurs données sur leur empreinte écologique et leur attribue des notes. Parmi les sociétés cotées, nous ne conservons que celles qui connaissen­t leurs émissions et ont défini des axes d'améliorati­on, ou se sont engagées à le faire, avec des objectifs précis. Nous appliquons ensuite les critères ESG d'Amundi, notre maison mère, avec une focalisati­on sur les aspects environnem­entaux. Enfin, nous utilisons un filtre de controvers­e pour écarter les entreprise­s ayant de mauvaises pratiques. Nous faisons une gestion classique de stock picking sur notre univers d'investisse­ment final, qui contient environ 700 titres, avec une bonne distributi­on au niveau des secteurs.

«Nous n’excluons aucun secteur par défaut. Il subsistera toujours une part d’énergies fossiles pendant la transition énergétiqu­e»

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland