Marc-Olivier Wahler, le pari de la rupture
Le pari d’une rupture. Marc-Olivier Wahler, 55 ans, n’était pas a priori programmé pour prendre la direction d’une institution mammouth et encore moins d’un musée encyclopédique, comme on appelle ces maisons du savoir héritées du XIXe.
Il a fait carrière sur la scène de l’art contemporain, à Neuchâtel d’abord, à Paris plus tard, à New York ensuite. Il ne vient pas du sérail, ni archéologue, ni historien de l’art, ni déchiffreur de sarcophages égyptiens.
Marc-Olivier Wahler n’est pas issu de ce monde-là. Et alors? Si c’était une force davantage qu’une fragilité? Aucune Cassandre ne peut affirmer qu’il ne parviendra pas à mobiliser ses équipes – près de 130 personnes –, à fédérer des fortes têtes habituées à oeuvrer en clans. Aucune Cassandre encore ne peut prétendre que son discours sur la transversalité des savoirs et des disciplines, sans être neuf, ne trouvera pas des âmes pour lui donner forme et nécessité.
Du MAH, Marc-Olivier Wahler veut faire un musée du futur. On peut se gausser, mais cette volonté proclamée, outre qu’elle a du panache, a le mérite d’offrir un horizon à une institution traumatisée par l’échec du projet Jean Nouvel, rejeté en février 2016 par les Genevois.
Jean-Yves Marin, l’actuel directeur, a eu beau faire, ouvrir l’institution à la population, à travers des afterworks très courus, la maison souffrait de neurasthénie chronique. Comme une fatalité genevoise. Des expositions ont connu le succès, certes, mais l’élan était brisé. Qui vante aujourd’hui le MAH à ses amis? L’institution ne rayonne pas ou peu. On ignore ses trésors – des collections fabuleuses.
C’est dans ce contexte que Marc-Olivier Wahler arrive en invité surprise, avec sa cape de prince charmeur pour réveiller la vieille dame somnolente. Il annonce une révolution, c’est son mot. Elle sera liée au projet d’agrandissement du musée. Le concours sera lancé en 2020. Le chantier devrait s’ouvrir en 2025, pour une inauguration du nouveau MAH annoncée pour 2028.
Pendant cette phase de travaux, il pourra tester toutes les formules d’avenir. «Le monde entier nous regardera.» On veut y croire. A vrai dire, on n’a pas le choix.
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