La Migros attaque le promoteur Damien Piller
Virginia Markus, membre de la COA, appelle à la prudence: «Qu’il n’y ait qu’une seule vache à hublot aujourd’hui n’empêche pas le fait que d’autres soient opérées prochainement, puisque ces opérations sont considérées comme importantes dans le milieu de l’élevage.» L’institut Agroscope a-t-il une telle intention? Interrogé par Le Temps, il répond qu’«on peut supposer qu’il sera possible à l’avenir de répondre à certaines questions de recherche grâce à de nouvelles méthodes d’analyse sans vaches fistulées. Mais cela n’exclut pas que le centre procède à nouveau à l’avenir à des recherches nécessitant des vaches fistulées.»
Si, du point de vue des agronomes, il est important de continuer à étudier la digestion des vaches, d’autres solutions sont envisagées pour des raisons éthiques. En effet, l’opération pour la pose d’une fistule est intrusive. Il s’agit d’ouvrir le flanc de la vache sur une vingtaine de centimètres pour accéder au rumen. Adrian Steiner, professeur et vétérinaire à la Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne, précise toutefois que les vaches s’adaptent très bien à la fistule et peuvent vivre tout à fait normalement. Sa faculté en possède d’ailleurs une à des fins cliniques. En effet, le contenu de la panse de Zenta – c’est son nom – sert à guérir ses congénères malades.
Pour Virginia Markus, «peu importent les justifications. Elles ne questionnent jamais le système alors que, d’un point de vue éthique, la fistulation n’est pas défendable.» Mardi soir, une dizaine d’heures après son lancement, la pétition avait recueilli plus de 600 signatures.
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Le géant orange a déposé une plainte pénale lundi pour gestion déloyale contre le Fribourgeois dans le cadre de la construction de deux magasins. L'homme d'affaires va contre-attaquer en déposant plainte pour dénonciation calomnieuse
tDamien Piller est sans conteste l’homme fort de l’économie fribourgeoise. Poids lourd de l’immobilier romand avec la construction de plus de 4000 logements, ex-député PDC et ancien lieutenant de préfecture, l’avocat de 61 ans préside aussi aux destinées de plusieurs médias (Radio Fribourg, La Télé…). Actif dans les secteurs de l’automobile et de l’aviation, il est notamment à l’origine du Marly Innovation Center et a donné l’impulsion à l’Aéropôle de Payerne. Une formidable réussite et de multiples casquettes qui ont régulièrement suscité la controverse. Aujourd’hui, Damien Piller fait
l’objet de soupçons en lien avec son mandat de président de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg, qui lui vaut une plainte pénale de la part de la centrale de Zurich, la puissante Fédération des coopératives Migros (FCM).
Au coeur de cette affaire complexe, révélée ce mardi par le quotidien 20 minutes, on trouve la construction de deux magasins en terres fribourgeoises, à Belfaux et à La Roche, ouverts respectivement en 2014 et 2015. Selon un rapport du cabinet d’avocats Baker McKenzie, cité par le quotidien, Damien Piller aurait confié pour plus de 3 millions de francs de travaux d’aménagement à deux entreprises, Anura et Constructor, des sociétés dont il était propriétaire au moment du chantier ou en passe de l’être. En outre, deux factures de 864000 francs chacune sont contestées. Les faits reprochés sont potentiellement graves et, s’ils étaient avérés, constitueraient un conflit d’intérêts et un enrichissement illégitime.
Contacté, Damien Piller a répondu par écrit à ces accusations. Il les rejette vigoureusement. «Je n’ai jamais adjugé de travaux à des entreprises qui m’appartiennent, assure l’avocat. Les projets de Belfaux et La Roche ont été menés par la direction de Migros Neuchâtel-Fribourg dans le respect des règles applicables.» L’homme précise s’être récusé lorsque les décisions ont été prises au conseil d’administration. Surtout, Damien Piller dénonce la partialité du cabinet Baker McKenzie, «fréquemment mandaté comme avocat par la FCM». «L’auteur du rapport ne maîtrisait pas la langue française et il n’a pas tenu de procès-verbaux des auditions», critique encore Damien Piller.
De son côté, la FCM confirme par le biais de son porte-parole, Tristan Cerf, avoir déposé une plainte pénale en date du lundi 1er juillet, entre autres pour gestion déloyale possible, «sur la base d’une décision unanime de son administration du 27 juin, afin que l’affaire soit traitée par les autorités de manière indépendante». Elle précise avoir remis «une grande quantité de documents» auprès du Ministère public de Fribourg. Et ajoute que la direction de la coopérative Migros Neuchâtel-Fribourg soutient la démarche. La FCM regrette enfin de ne pouvoir apporter davantage d’éléments: «En raison d’une ordonnance judiciaire, nous ne pouvons pas nous exprimer sur les faits pour l’instant.» Damien Piller, qui a déposé une plainte pénale pour atteinte à l’honneur le 24 juin dernier, a obtenu du Tribunal de la Sarine des mesures superprovisionnelles, empêchant tout collaborateur de Migros de parler des faits.
C’est peu dire que le torchon brûle entre la centrale et le président de sa coopérative régionale. A la suite de la plainte de la FCM de lundi, Damien Piller a l’intention de déposer à son tour une plainte pénale pour dénonciation calomnieuse et induction de la justice en erreur. Ce bras de fer se déroule sur fond de luttes de pouvoir. Les connexions entre l’avocat fribourgeois et la Migros sont importantes. Inamovible président de la coopérative des cantons de Neuchâtel et Fribourg depuis 1996, il pilote le nouvel Avry Centre, un projet devisé à 250 millions de francs. Il est également considéré comme le père spirituel du Neuchâtelois Fabrice Zumbrunnen, président de la direction générale de la FCM depuis le 1er janvier 2018.
L’affaire est explosive. Elle tombe dans un mois de juin agité pour le géant orange, secoué par l’annonce de vente de ses filiales Interio et Globus ou encore la restructuration du siège de sa coopérative de la Suisse orientale à Gossau, dans le canton de Saint-Gall.
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HOMME D’AFFAIRES