Le Temps

Swatch Group et Richemont, inégaux dans la transition

Les exportatio­ns d’entrée et de milieu de gamme affichent des baisses à deux chiffres. C’est ce qui explique, en partie, la différence de performanc­e entre les deux groupes horlogers suisses

- SERVAN PECA t @servanpeca

Le verdict est tombé jeudi. Il était attendu et il s’est confirmé. Les exportatio­ns horlogères affichent une baisse de 10,7% à fin juin.

Dans le détail des statistiqu­es publiées par la Fédération horlogère (FH), de nettes différence­s apparaisse­nt entre les segments de prix. Et une évidence, encore une fois confirmée. Les montres les moins chères sont les plus touchées. Pour celles dont le prix à l’export se situe entre 500 et 3000 francs (prix en magasin entre 1000 et 9000 francs), le recul atteint 20%. Dans l’entrée de gamme aussi, les temps sont durs, avec un déclin de 15 à 20%, par rapport à juin 2018. Le segment de 3000 francs et plus, lui, ne recule que de 5%.

La thèse, maintes fois débattue, de la concurrenc­e des montres connectées et des montres de mode semble se matérialis­er. Prenons du recul. En 2015, la Suisse avait exporté 4,51 millions de montres dans le segment 200 à 500 francs (500 à 1500 francs en magasin). En 2018, seulement 4,18 millions de ces modèles ont été envoyés à l’étranger. En 2019, si la tendance se poursuit, ce chiffre pourrait passer sous la barre des 4 millions. L’Apple Watch, dont la première version date de 2015, aurait, elle, été produite à 22 millions d’unités, l’an dernier.

Ce phénomène touche les acteurs suisses de la branche de manière différente. Swatch Group, qui a publié ses chiffres mercredi, a annoncé des revenus en baisse d’environ 4% à fin juin. Richemont, dont les chiffres trimestrie­ls ont été publiés jeudi, s’en sort mieux. Il dévoile un chiffre d’affaires en hausse de 12%, pour le trimestre avril à juin. «Comme c’est régulièrem­ent le cas, Richemont est porté par sa division joaillerie [qui inclut aussi des montres, comme celles de Cartier, ndlr]», confirme René Weber, analyste chez Vontobel. Avec certaines de ces marques (Swatch, Tissot, Longines), «Swatch Group est évidemment plus exposé à l’entrée et au milieu de gamme», poursuit-il.

Un franc sur six provient des ventes en ligne

Ils ont un positionne­ment différents. Mais les deux groupes horlogers traversent aussi le même genre de défis. Hongkong, première destinatio­n horlogère du monde, souffre des heurts politiques. Ni Richemont ni Swatch Group n’en ont détaillé les effets sur leurs revenus, mais ils l’ont mentionné. En une année, les exportatio­ns de montres suisses y ont plongé de 27%.

Enfin, alors que l’e-commerce s’impose à grande vitesse dans le milieu du luxe, tous deux s’attellent à optimiser leur réseau de distributi­on avec l’objectif d’augmenter leurs ventes en ligne directemen­t au consommate­ur final.

Sur ce point, Richemont a pris de l’avance, note l’analyste René Weber, qui rappelle les rachats de stocks réguliers depuis 2016 déjà, notamment chez Cartier. Jeudi, le groupe genevois, qui mise sur Yoox Net-a-Porter, Watchfinde­r ou encore sur Alibaba, a annoncé que ses ventes en ligne avaient augmenté de 50% en une année. Désormais, Richemont gagne un franc sur six sur internet.

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