Le G7 casse l’élan de la libra
Réunis près de Paris, les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés ont affirmé que la monnaie virtuelle annoncée par Facebook représentait une menace pour la stabilité financière mondiale
Ce n’est pas une fin de non-recevoir, mais cela pourrait y ressembler. Réunis ces mercredi et jeudi à Chantilly, au nord de Paris, les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (G7) se sont gardés de prononcer l’ultime sanction. Ils ont néanmoins émis des réserves, estimant que la libra proposée par Facebook pouvait représenter des risques pour le système financier international. «Tous les membres du G7 ont manifesté leur forte inquiétude sur ce projet», a affirmé Bruno Le Maire, ministre français des Finances, lors de la conférence de presse finale de la réunion des grands argentiers. Facebook a annoncé l’arrivée de sa monnaie virtuelle pour le premier semestre 2020.
Cette prise de position donne le ton pour le sommet du G7 qui se réunira fin août à Biarritz, dans le sud-ouest de la France. La semaine dernière, le président américain, Donald Trump, s’est dit opposé à la création d’une monnaie, même virtuelle, qui viendrait concurrencer le dollar. La France, qui préside le G7 cette année, est sur la même longueur d’onde.
Méfiance
Les sept ministres ont reconnu les limites du système bancaire actuel, notamment en termes de délais de paiement entre pays et continents. Cependant, ils se méfient de la monnaie de Facebook, qui pourrait potentiellement compter sur ses 2,3 milliards d’utilisateurs. Les dirigeants ont été confortés dans leurs doutes par un rapport sur les tenants et aboutissants d’une éventuelle libra. Commandité à la Banque centrale européenne en amont de la réunion du G7, ce texte fait part, sans ambages, des risques de blanchiment d’argent sale, de financement du terrorisme, de problèmes dans la protection des données, de fiscalité et de concurrence. Conclusion: «Beaucoup de travail et de négociations sont nécessaires de la part des initiateurs de monnaies virtuelles avant d’obtenir les autorisations.»
Bref. Pour Bruno Le Maire, les conditions ne sont pas réunies pour que la libra se mette en place. «Les régulateurs ne souhaitent pas freiner l’innovation, mais faire preuve de vigilance», a renchéri jeudi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
Oui à la fiscalité des entreprises numériques
La fiscalité des entreprises numériques devait être la pomme de discorde au G7. D’un côté, la France, qui a pris les devants et voté une loi qui prévoit une taxe sur les entreprises numériques. De l’autre, les Etats-Unis, résolument contre, qui ont menacé Paris de représailles si cette loi entrait en vigueur.
Finalement, et à la surprise générale, le principe d’imposer des entreprises qui n’ont pas de présence physique dans un pays, mais y mènent des activités grâce à internet, a été accepté jeudi. Les modalités restent à définir. Toutefois, les propos de Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor américain – «Nous avons fait des progrès significatifs, mais il reste encore du travail à faire» – laissent planer des doutes.
Trois prétendants à la direction du FMI
Troisième sujet abordé par les ministres des Finances du G7: la succession de Christine Lagarde à la direction du Fonds monétaire international (FMI). Les ministres ont admis le principe du statu quo, c’est-à-dire que le poste revienne à un ressortissant européen. Bruno Le Maire a été chargé de mener des consultations et de soumettre les noms d’ici à la fin du mois.
Trois candidats se profilent. Jeroen Dijsselbloem (Pays-Bas), ancien ministre des Finances et ancien président de l’Eurogroupe. Il a construit sa réputation de négociateur pendant la crise grecque et celle de la dette dans la zone euro; Mario Centeno (Portugal), ancien ministre des Finances, qui a succédé au Néerlandais à l’Eurogroupe; enfin, Olli Rehn (Finlande), ancien commissaire européen qui occupe à présent le poste de gouverneur de la banque centrale de Finlande.
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