«Nous souhaitons être la surprise du championnat»
Le FC Stade Lausanne Ouchy s’apprête à découvrir la deuxième division suisse pour la première fois de son histoire. Son entraîneur, Andrea Binotto, raconte le défi de s’immiscer dans l’univers du football professionnel
Le Letzigrund accueillera une rencontre de Challenge League pour le moins inattendue, ce samedi à 17h30. D’un côté, le Grasshopper Club Zurich, le plus titré des clubs du pays, relégué après 70 ans dans l’élite. De l’autre, le FC Stade Lausanne Ouchy, promu pour la première fois de son histoire en deuxième division. Andrea Binotto, son entraîneur depuis 2012 et la 2e ligue inter (cinquième division), raconte cette irruption dans l’univers du football professionnel, lui qui enseigne les mathématiques…
Votre équipe est-elle prête pour la reprise? Oui, autant qu’il est possible de l’être. Aucune formation ne sera en mesure de produire son meilleur football dès ce weekend, après une préparation de six semaines et beaucoup de changements de joueurs. Pour nous, il y a en plus certaines inconnues: le fonctionnement du championnat, les adversaires, les terrains. Nous n’avons encore aucun repère à ce niveau, si ce n’est les indications tirées de nos quelques matchs amicaux… Vous les avez tous gagnés! «Malheureusement», ai-je envie de dire. Un entraîneur se méfie toujours des campagnes de préparation trop parfaites. Mais j’admets que c’est encourageant.
Quel rôle jouera Stade Lausanne Ouchy en Challenge League? C’est la grande question. Mon souhait, c’est que nous parvenions à être la surprise du championnat. Et j’ai la conviction que si nous ne jouons pas trop de malchance, c’est possible avec notre contingent. Il y a six ou sept joueurs qui ont déjà l’expérience du football d’élite. Ils auront la mission d’aider les autres à s’y acclimater.
Est-ce facile de sauter le pas du professionnalisme? Nous serons ces prochains mois dans une phase intermédiaire. Certains joueurs gardent un pied à l’université. Moimême, je vais continuer d’enseigner un peu, mais beaucoup moins qu’avant. Si nous parvenons à nous maintenir cette saison, avec la perspective de nous établir durablement à ce niveau, alors les derniers ajustements seront faits.
A titre personnel, vous êtes prêts à ne vivre que du football? Oui, c’est dans cette optique que je passe actuellement mon diplôme d’entraîneur UEFA Pro. Si l’opportunité existe, je serai heureux de mettre l’enseignement entre parenthèses.
Qu’est-ce qui a changé dans la vie de l’équipe depuis la promotion? Le rythme de travail. Nous sommes passés de quatre à six séances d’entraînement hebdomadaires, et nous en avons augmenté la qualité. Avant, je n’avais qu’un assistant, et un entraîneur des gardiens venait ponctuellement. Maintenant, conformément aux règles de la Swiss Football League, je dispose d’un staff plus étoffé, qui implique une préparation plus précise. Il y a aussi les sollicitations quotidiennes des médias et d’autres choses, comme la perspective de pouvoir mener un meilleur travail d’analyse vidéo.
Votre effectif a enregistré dix arrivées et onze départs cet été. Subsistera-t-il néanmoins une certaine continuité? Oui. La philosophie de jeu, mon approche personnelle et le contenu des entraînements ne changent pas. Des joueurs étaient déjà là ces dernières années, et nous avons choisi nos renforts en pensant qu’ils correspondaient à notre identité.
Par contre, vous ne jouerez pas dans «votre» stade Juan-Antonio-Samaranch, qui ne correspond pas aux normes de la Challenge League, mais à Nyon… Depuis le temps que nous le savons, la nouvelle est digérée. Mais ce sera un désavantage au départ, car nous jouerons en quelque sorte tous nos matchs à l’extérieur. Ce terrain de Colovray, nous ne le connaissons pas. En plus, c’est dommage, car nous avions quelques supporters fidèles qui, peut-être, ne feront pas le déplacement.
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