Le Temps

Sus aux SUV, chat alors!

- MARIE-PIERRE GENECAND

Aujourd’hui encore, je vais hurler contre les 4x4 et autres SUV qui saturent nos cités et mettent la vie des cyclistes et des piétons en danger. Pourquoi? Parce qu’à Berlin, vendredi dernier, une Porsche Macan a fauché et tué quatre personnes sur un trottoir. Une crise d’épilepsie du conducteur serait à l’origine du drame, mais la taille et la puissance du bolide ont joué un rôle dans la gravité du bilan. Raison pour laquelle, le lendemain, plusieurs associatio­ns et partis politiques de la région ont demandé l’édiction d’une réglementa­tion fédérale permettant aux villes d’imposer des tailles limites aux véhicules qui y circulent.

On le sait, la plupart de nos rues ne sont pas prévues pour ces tanks bedonnants. En Suisse, une associatio­n a eu le culot de proposer d’élargir les chaussées – au détriment des trottoirs, merci pour les piétons! – de sorte à les adapter à la dimension de ces voitures-camions… Je trouve insensé qu’au moment où le politique envisage des taxes écologique­s pour freiner les avions, on laisse rouler dans nos cités sans aucune contrainte ces chars d’assaut monstrueux, arrogants et ultra-polluants. OK, le lobby des voitures est puissant, mais quid de la vie des gens?

Sans transition, je vais relater une jolie histoire qui, vous le verrez, n’est pas si

éloignée du premier sujet. Lundi dernier, dans le train Lausanne-Genève, je croise un cher ami, tout plissé-froissé. «On a perdu Pompon, souffle-t-il, la mine défaite. On ne l’a pas vu depuis des jours et comme il s’est déjà battu avec les chats du coin, on craint le pire.» Je lui garantis que les chats reviennent des semaines après, mais mes encouragem­ents restent sans effet. Alors je prends un pari. En puisant dans mon côté Mary Poppins, je m’engage à invoquer le retour de Pompon et à le ramener au logis. Je n’ai évidemment aucun pouvoir magique, mais j’aime imaginer que chaque être humain est connecté à des forces (sur)naturelles qui lui donnent des ailes. Mardi, j’ai donc demandé à mon ami une photo de Pompon, un joli rouquin taquin, et dans la nuit qui a suivi, j’ai parlé au félin. Oui, oui, je lui ai dit, pour de bon: «Parfait, Pompon, tu t’es bien amusé, maintenant, fissa, tu files à la maison!» Et, croyezmoi ou non, le mercredi matin, il était rentré au foyer. Un hasard? Bien sûr. Mais j’aime la poésie de cette utopie. J’aime l’idée que, malgré la civilisati­on, chaque humain reste intimement relié à la nature. Pour autant que ce mini-lien, ténu et fragile, ne soit pas écrasé par des maxi-voitures.

«Le lobby des voitures est puissant, mais quid de la vie des gens?»

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