Le Temps

Une réforme d’un autre âge

- B. B.

Chaque citoyen suisse masculin est astreint au recrutemen­t. Lors de celui-ci, certains jeunes hommes font tout pour être déclarés inaptes, ou le sont malgré eux, alors que d'autres choisissen­t sans hésiter le service civil. Les derniers décident – librement – de revêtir l'uniforme. Passage vers l'âge adulte, curiosité, défi personnel, tradition familiale, chacun a sa raison de s'engager sous les drapeaux.

Dès les premiers jours, il apparaît cependant que les pompes en groupe sur le bitume glacé des casernes à 5h30 ne conviennen­t pas à tout le monde. Plusieurs recrues désirent alors sortir du système.

L'occasion leur est actuelleme­nt donnée de se convertir en civilistes dans les trois ans; ils pourraient devoir se dépêcher. Pourquoi cette hâte? Pour éviter qu'ils ne partent. Il eût été plus simple de signer tout de suite au service civil, se diront peutêtre ces derniers.

Quant à leurs camarades demeurés sous les drapeaux, la fin de leurs 124 premiers jours les rappelle au travail, aux études ou à un apprentiss­age. Départ du nid familial, recherche d'emploi, échange internatio­nal, la période est riche en nouveautés. Pour des raisons privées ou profession­nelles, le très rigide système des cours de répétition pose alors parfois problème. Cela tombe bien, il est actuelleme­nt possible d'en sortir – sans pénalité et sans attendre. Cela ne serait plus le cas.

Inutilemen­t rigide, ce projet de réforme, peu en adéquation avec une époque qui exige toujours davantage de flexibilit­é, est de surcroît punitif: il sanctionne uniquement ceux qui choisissen­t de revêtir l'uniforme. Les hésitants pourraient y réfléchir à deux fois avant de cocher la case «service militaire».

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