Paléo redessine la plaine de l’Asse et amorce un virage durable
FESTIVAL Dès l’an prochain, des scènes disparaîtront et d’autres pousseront sur la plaine de l’Asse. Une réorganisation du terrain due au nouveau dépôt des trains Nyon-Saint-Cergue
«Chambardement», «rupture», «tournant»… les mots sont éloquents: le Paléo Festival s'apprête à changer de visage. Alors que le terrain reverdit gentiment, ses nouveaux contours, prévus pour 2020, ont été présentés mercredi. Réorganisation inévitable puisque le nouveau dépôt de trains Nyon-Saint-Cergue-La Cure grignotera très prochainement une partie de la plaine de l'Asse. «Il s'agit du changement le plus marquant depuis notre installation ici, en 1990», précise Daniel Rossellat.
«Il s’agit du changement le plus marquant depuis notre installation ici, en 1990»
Exit le Détour
C'est plus précisément un hectare au nord-est, habituellement dévolu à la logistique – à droite de l'entrée –, qui sera cédé au rail. Même si une parcelle supplémentaire avait déjà été louée en prévision, il était clair dès le départ qu'une simple substitution ne suffirait pas. C'est tout l'urbanisme du festival qui devait être repensé. Une contrariété qui s'est vite transformée en opportunité, assure le directeur de Paléo. «Plutôt qu'une perte pour le spectateur, notre objectif était de lui offrir une expérience encore meilleure.»
Comment réorganiser l'espace en évitant les goulots d'étranglement, les interférences sonores entre les scènes tout en épargnant un maximum de nuisances aux communes voisines? Au final, il aura finalement fallu près de trois ans à l'équipe du festival pour établir le nouveau plan de cette ville éphémère. Zoom sur son découpage.
Au sud de la plaine, pas de grands bouleversements: la Grande Scène, le Club Tent et la Ruche resteront à leur place. En haut, par contre, les Arches et le Détour disparaîtront définitivement. Une scène au nom encore indéterminé – les festivaliers pourront faire leurs suggestions lors d'un prochain sondage –, à la capacité et à la programmation généraliste proches de celles des Arches, prendra leur place à la pointe nord-est. Devant, une très grande place sera aménagée pour «garder les spectateurs sur le haut du terrain entre deux concerts».
Pas peur du vide
L'entrée du festival sera elle aussi «dépoussiérée», avec un nouvel espace scénique thématique. Son concept doit encore être affiné, mais la décoration s'adaptera probablement au genre musical proposé. Quant au Village du Monde, il conservera son emplacement habituel mais sa scène, le Dôme, sera légèrement réorientée.
Qu'adviendra-t-il des groupes émergents, jusqu'à présent accueillis sous la petite scène du Détour? Le directeur du festival admet qu'il s'agit sans doute des perdants de l'opération, puisqu'il n'existera plus de scène dédiée et adaptée à leur taille. L'espace de l'entrée serait une piste éventuelle.
Au final, le terrain se trouvera légèrement agrandi mais le nombre de stands, comme celui des festivaliers, quasiment identique. «Cela permettra avant tout d'élargir les zones de décompression, explique Daniel Rossellat. Nous n'avons pas peur du vide, au contraire!»
Vaisselle durable
L'opération, qui coûtera au festival quelque 850000 francs, ne s'arrête toutefois pas à l'urbanisme: le nouveau terrain s'accompagnera en effet de nouvelles résolutions vertes. Si le Paléo s'engage pour le développement durable depuis de nombreuses années – en 2019, un million de gobelets étaient ainsi lavés, et 44% des festivaliers optaient pour la mobilité douce –, il compte faire encore mieux à l'avenir.
Dès l'année prochaine, plus de vaisselle jetable: outre les verres, les assiettes et couverts distribués par les 130 stands de nourriture seront eux aussi consignés. L'analyse et l'introduction de mesures au sujet des transports et de la protection de la biodiversité sont également prévues. Avec un objectif ambitieux: -25% d'émissions de CO2 d'ici à la 50e édition, c'est-à-dire en 2025. Pour Paléo, l'été 2020 s'annonce comme un laboratoire, logistique, musical et écologique.
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