LE POIDS DES TRADITIONS
Notre lecteur réagit à la chronique «Rien de plus moderne que la tradition» de Marie-Hélène Miauton publiée le vendredi 6 septembre.
Votre chronique propose une opposition frontale entre la tradition qui servirait les intérêts de la planète et la modernité qui ne serait que bavardages inutiles. En résumé, les fêtes de jeunesse (dont la dernière de Savigny) ou la Fête des Vignerons seraient la solution, plutôt que tout rapport du GIEC ou colloque de décideurs ou politiques, en matière de lutte contre la dégradation du climat. Pas un mot sur le fait que ladite tradition tant louée est tout de même largement à l’origine des dysfonctionnements actuels (sur-utilisation des sols, introduction massive de produits phytosanitaires destructeurs, mise à distance entre la production, la vente et la consommation, etc.), aucune allusion même de loin à l’obligation de légiférer pour faire avancer les choses, aspect incontournable que les fêtes tant vantées ne font pas avancer d’un millimètre évidemment.
On reconnaît là une tentative conservatrice très classique de poser l’amour de la terre qui serait naturel et efficace même si taiseux, contre une intellectualisation de ces affaires qui serait bavarde et superficielle. Au final se dessine la vieille rivalité fantasmée entre ville et campagne, alors que tout concourt actuellement à leur rapprochement et leur collaboration. Les scientifiques apprécieront ce point de vue qui les range dans le camp des inutiles, et les jeunes de ce pays apprendront donc les bonnes manières pour sauver la planète: s’inscrire aux prochaines fêtes campagnardes, afin d’éviter le «romantisme de pacotille» et pour être dans «la Terre qui, elle, ne ment pas» (expression tirée d’un discours de Nicolas Sarkozy d’octobre 2009). Vos commentaires sont les bienvenus! Vos lettres ne doivent pas excéder 1500 signes (espaces compris).