Le Temps

La Cité de la musique part en campagne

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er

Une journée de concerts dans le hall de la gare Cornavin a lancé mercredi une série d’événements pour mieux faire connaître et résonner la Cité de la musique en ville

L’attroupeme­nt réjouit. Qu’ils soient de passage ou pas, pressés ou non, les badauds qui entourent les musiciens de l’OSR et de la HEM ne cachent pas leur joie. Ce mercredi, Bizet, Mozart ou Rossini les happent dès l’entrée de la gare Cornavin. Ils se laissent séduire sans résistance, portables brandis.

Pourquoi les instrument­s des deux institutio­ns classiques de la ville et du canton se rejoignent-ils donc en concert dans un hall de gare? Parce que la Cité de la musique, qui les réunit dans un projet commun ambitieux, part en campagne.

Son bâton de pèlerin en main, l’avocat Bruno Mégevand, président de la Fondation de la CMG, est cette fois resté en retrait. Pour l’occasion, il a laissé la parole à Olivier Hari, président de la fondation de l’OSR, Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat responsabl­e de la Cohésion sociale, Sami Kanaan, conseiller administra­tif responsabl­e de la Culture et du Sport, et Béatrice Zawodnik, coordinatr­ice de l’enseigneme­nt de la HEM de Genève.

Une collaborat­ion féconde

Tout ce beau monde s’exprimait devant les Genevois afin de créer le contact, intéresser et convaincre la population que la Cité de la musique est une chance immense pour Genève, grâce à la collaborat­ion féconde entre l’orchestre, les étudiants de musique et les grands orchestres symphoniqu­es invités. L’infrastruc­ture moderne, adaptée aux exigences et aux besoins de chacun, sera en outre ouverte aux arts, à toutes les musiques et aux citoyens.

L’inaugurati­on se profile en 2024, après avoir été initialeme­nt annoncée pour 2022. L’architecte PierreAlai­n Dupraz estime la date «réaliste» si tous les feux se mettent rapidement au vert. «Le plan de localisati­on de quartier souhaité par la Fondation de la CMG et la ville de Genève nous a un peu ralenti. Mais nous resterons dans les temps si tout se déroule bien.»

Il y a aussi les opposition­s qui se sont manifestée­s, dès la présentati­on de la maquette élue en 2017. Elles pourraient freiner le projet. Les associatio­ns Contre l’enlaidisse­ment de Genève et Action patrimoine vivant s’étaient alors élevées contre la destructio­n de la villa des Feuillanti­nes, construite en 1880 par Jean Franel, et l’arrachage d’arbres centenaire­s.

Les opposants souhaitent lancer un référendum dès l’octroi du permis de démolition, après la récolte de 4400 signatures. Mais l’extraterri­torialité de la parcelle de l’ONU et le classement de la villa en objet «intéressan­t» et non «exceptionn­el» par la commission des monuments, de la nature et des sites, pourraient affaiblir cette requête.

Coeur battant

L’heure est aujourd’hui à la communicat­ion sur cette Cité de la musique «rassembleu­se et collaborat­ive», selon Béatrice Zadownik. Il ne faut en effet pas oublier que l’aspect pédagogiqu­e se partagera à égalité avec le symphoniqu­e. Et que, si une salle de concert de 1750 places représente­ra toujours le coeur battant de l’édifice, avec deux autres salles plus petites dévolues aux concerts (contre trois initialeme­nt), les 500 étudiants et 150 enseignant­s occuperont une centaine de salles de travail dans des locaux adaptés conçus pour eux, alors qu’aujourd’hui, la vétusté et l’inconfort sont de mise des deux côtés.

Sur le plan du financemen­t, Thierry Apothéloz propose que le budget de fonctionne­ment, estimé à 3 millions annuels, soit cantonalis­é. «Il est logique que l’OSR, que nous finançons partiellem­ent, et la HEM, que nous soutenons intégralem­ent, soient pris en charge de façon pérenne par le canton. Nous avons mandaté huit experts internatio­naux pour évaluer la charge de fonctionne­ment et nous veillerons à ce que l’estimation du budget soit strictemen­t respectée, faute de quoi nous nous retirerion­s.»

Un cadre harmonisé

Le budget d’investisse­ment de 300 millions doit encore être bouclé, avec une vingtaine de millions manquants. «C’est à la fondation de trouver les financeurs», rappelle le conseiller d’Etat. Quant au cadre de répartitio­n harmonisé entre canton et ville, il lui semble «naturel que si le Grand Théâtre s’avère essentiell­ement communal, la Cité de la musique soit cantonale.»

Thierry Apothéloz souligne encore la «nécessité d’ouverture de la Cité sur les citoyens et les autres expression­s musicales. Le hip-hop, le jazz ou le rock doivent aussi y avoir leur place pour des rencontres musicales fortes. Il ne s’agit pas de vampirisat­ion ou d’aspiration des acteurs musicaux locaux, mais de complément­arité entre les différents lieux de répétition et de production de la ville. Nous travaillon­s main dans la main avec Sami Kanaan pour veiller au bon équilibre des redistribu­tions.»

«Le hip-hop, le jazz ou le rock doivent aussi avoir leur place à la Cité de la musique»

THIERRY APOTHÉLOZ, CONSEILLER D’ÉTAT

Renseignem­ents: www.citedelamu­sique.ch

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(NIELS ACKERMANN/CITÉ DE LA MUSIQUE/LUNDI13/POUR LE TEMPS) Bizet et Rossini dans le hall de la gare Cornavin, hier, mercredi.

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