Eau potable jugée globalement bonne
Les chimistes cantonaux tirent des conclusions rassurantes de 300 échantillons prélevés à travers la Suisse. Ils citent toutefois quelques cas critiques
La qualité de l’eau potable en Suisse est bonne, selon les chimistes cantonaux. Mais on trouve des traces de chlorothalonil ou d’atrazine dans de l’eau potable provenant d’eau souterraine dans des régions agricoles.
Au total, douze échantillons, sur un total de 300 à travers toute la Suisse, ont montré des dépassements des valeurs maximales, a indiqué jeudi l’Association des chimistes cantonaux. L’eau potable concernée, qui provient de régions à activité agricole intensive, est consommée par environ 2,7% de la population, soit par 170000 personnes. La plupart des dépassements de la valeur maximale étaient dus à un produit de dégradation du pesticide chlorothalonil.
Alerte dans la Broye
Les résultats publiés par les chimistes cantonaux ne surprennent pas. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) avait révélé à la mi-août que les eaux souterraines contenaient trop de nitrate dans 15% des stations de mesure, sans oublier le chlorothalonil, décelé dans 31 d’entre elles. Dans 20 cas, la limite légale de 0,1 microgramme par litre a été dépassée.
En Suisse, l’alerte à la pollution au chlorothalonil a été donnée dans la Broye en juin dernier. Lausanne a aussi dû agir fin août: elle a sorti du réseau d’eau potable des captages qui dépassaient la nouvelle valeur maximale autorisée pour ce produit. Ce pesticide devrait être interdit en Suisse d’ici à la fin de l’année comme c’est déjà le cas dans l’Union européenne.
En revanche, le glyphosate, un herbicide souvent dénoncé, ne représente pas un problème pour l’eau potable en Suisse, avancent les chimistes.
Des résidus de pesticides présents au-dessous de la valeur maximale étaient par ailleurs mesurables dans plus de la moitié des échantillons.
Sans valeur maximale
Sinon, des produits de dégradation pour lesquels aucune valeur maximale n’a été fixée ont été décelés dans plusieurs des échantillons. «Un herbicide pour la culture de la betterave pose problème», a donné comme exemple Claude Ramseier, le chimiste cantonal fribourgeois. Le produit ne se dégrade que très lentement. Mais comme aucune valeur limite n’est fixée pour ce produit, aucune norme n’est violée.
Selon lui, au moins huit interventions parlementaires vont être déposées à Berne pour tenter de limiter ou d’interdire l’utilisation de produits qui polluent durablement les eaux souterraines. Les herbicides sont aussi régulièrement réévalués mais la démarche prend du temps.
Enfin, bien que l’utilisation de l’herbicide atrazine soit interdit depuis sept ans, il a pu être largement décelé. Cela démontre que les processus de dégradation dans l’eau souterraine peuvent être très lents et que des substances peuvent encore être décelées dans l’eau potable des années après une interdiction. ▅