Le Temps

«A nouvelle patinoire, nouveau public»

POWER-PLAY 4/5 Plus de revenus, davantage d’attractivi­té, moins de problèmes de sécurité: il n’y aurait que des avantages dans le renouvelle­ment actuel des infrastruc­tures du hockey suisse, soutient Denis Vaucher, directeur de la Ligue nationale

- PROPOS RECUEILLIS PAR YOANN GRABER GraberYoan­n

Attention chantier(s): depuis une dizaine d’années, les vieilles patinoires du pays sont rénovées ou remplacées par de nouvelles constructi­ons. Berne a lancé le mouvement dès 2008, suivi par Zoug, Bienne, Langnau… Viège a inauguré son antre flambant neuf vendredi dernier, Lausanne découvrira le sien le 24 septembre, les travaux se poursuiven­t à Fribourg, Davos et même Ambri, qui quittera prochainem­ent sa mythique Valascia. La nostalgie? Balayée avec les gravats. Directeur de la Ligue nationale, Denis Vaucher ne voit que des avantages à ce renouvelle­ment des installati­ons. Selon lui, le hockey suisse en avait bien besoin.

Quel regard portez-vous sur le renouvelle­ment des patinoires du pays? C’est une situation excellente. Elle découle d’investisse­ments de la part des clubs et des autorités politiques, qui sont un très bon signe pour le hockey sur glace suisse. Nous avons beaucoup de fans dans la population et pour nous, il est très important d’offrir à ces personnes les installati­ons nécessaire­s à leur confort, comme le chauffage dans les enceintes, ainsi qu’une gastronomi­e suffisante et diversifié­e.

Les nouvelles patinoires ne répondente­lles pas avant tout à des objectifs économique­s pour les clubs? Si, mais pas que. Il s’agit aussi d’attirer de nouveaux clients, des publics qui jusqu’ici ne venaient pas, ou moins, notamment le public féminin. Attention, je ne dis pas non plus que seuls les hommes se déplaçaien­t auparavant, mais de meilleures infrastruc­tures, comme le chauffage ou des sanitaires appropriés, permettent à plus de femmes de trouver du plaisir lors des matchs.

Pourquoi les nouvelles patinoires se multiplien­t-elles précisémen­t maintenant? Trois raisons expliquent cela. La première, c’est que nous avons défini il y a dix ans, en collaborat­ion avec les clubs, des exigences pour les infrastruc­tures en matière de confort et de sécurité. Les clubs devant remplir les critères minimaux pour recevoir leur licence de jeu, l’occasion était belle de repenser leurs infrastruc­tures. Deuxièmeme­nt, les patinoires devenaient vétustes. Certaines datent des années 1950 ou 1960. Le hockey suisse avait du retard, il s’en est rendu compte et le processus de remplaceme­nt des vieilles patinoires s’est dès lors accéléré. Troisièmem­ent, les taux d’intérêt sont actuelleme­nt très bas et cela rend les constructi­ons avantageus­es sur le plan économique. Les investisse­urs privés en sont parfaiteme­nt conscients.

«Le hockey suisse avait du retard, il s’en est rendu compte et le processus de remplaceme­nt des vieilles patinoires s’est dès lors accéléré»

Les autorités du hockey suisse soutiennen­t-elles financière­ment la constructi­on des nouvelles patinoires? Non, mais c’est le cas de l’Office fédéral du sport, via le programme de conception des installati­ons sportives d’importance nationale. Certaines nouvelles patinoires sont concernées par ce programme [Lausanne, Ambri, Viège, Ajoie, Fribourg, Davos et Langnau]. Du côté de la ligue, un comité dédié aux infrastruc­tures accompagne les clubs et les communes dans leurs initiative­s et effectue des visites sur place. Il donne des conseils et des informatio­ns, en se basant sur d’autres constructi­ons déjà menées à bien. La collaborat­ion entre les différente­s instances est excellente. Y compris concernant la lutte contre la violence dans les enceintes? Oui, clairement. Chaque club est obligé de nous envoyer son concept sur les questions de sécurité chaque saison. Cela fait partie des exigences pour obtenir la licence de jeu. D’ailleurs, on remarque que la violence est moins présente dans les nouvelles patinoires, grâce notamment à des contrôles mieux effectués et à une surveillan­ce vidéo plus efficace.

N’y a-t-il pas quand même quelque chose à perdre à quitter d’anciennes patinoires comme la Valascia d’Ambri, son charme, son ambiance? Non, je ne crois pas. Dans bien des cas, à Langnau, Fribourg ou Davos, il s’agit de rénovation­s. On fusionne le neuf avec l’âme de la vieille enceinte. Il est clair que la Valascia est un endroit exceptionn­el… Mais là-bas, il est impossible de faire une rénovation à cause du danger d’avalanches sur le site actuel. Cela dit, nouvelle patinoire ne rime pas avec manque d’ambiance!

Même avec le développem­ent des zones VIP? Je ne pense pas que les VIP plombent l’ambiance. Même sans drapeaux, tambours ou chants, ils restent des fans enthousias­tes. Et les loges font partie du jeu. Pour amortir les coûts élevés des nouvelles infrastruc­tures, il faut des spectateur­s en tribunes mais également des VIP. Le chiffre d’affaires des clubs dépend beaucoup d’eux.

Une nouvelle patinoire sans loges pour des invités, c’est devenu impensable? Ce n’est effectivem­ent plus la structure d’une patinoire moderne. Je crois même que ce type d’enceintes n’existe plus à haut niveau. Il y a beaucoup de patinoires à l’étranger qui n’ont même plus de places debout. En Suisse, on garde cette tradition, je suis convaincu que la bonne formule est une cohabitati­on des différents types de public. C’est vrai que lorsqu’on regarde les spectateur­s debout à Berne, ce fameux mur, c’est impression­nant…

Selon vous, les nouvelles patinoires vont-elles faire progresser le niveau de jeu en Suisse? C’est difficile à dire. Mais vous savez, si les clubs peuvent augmenter leur budget grâce aux revenus des nouvelles patinoires, cela signifie qu’ils peuvent aussi renforcer leur équipe. Et finalement, c’est le niveau général qui augmente. Il peut y avoir une sorte de spirale positive.

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DIRECTEUR DE LA LIGUE NATIONALE DE HOCKEY
DENIS VAUCHER DIRECTEUR DE LA LIGUE NATIONALE DE HOCKEY

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