Le Temps

Un quart d’heure pour convaincre

- MARIE-PIERRE GENECAND Les Quarts d’Heure, du 12 au 14 sept., Sévelin 36, Lausanne.

SCÈNES Le Théâtre Sévelin 36, à Lausanne, accueille sept danseurs émergents présentant chacun une pièce

Il y a le speed dating, et il y a le speed dancing. Quinze minutes pour se faire connaître et la promesse d’un flash intense pour ces chorégraph­es émergents qui, à Lausanne, de jeudi à samedi, signent leur première pièce dans le cadre des Quarts d’Heure. Pour la treizième fois, Philippe Saire ouvre les portes du Théâtre Sévelin 36 à la jeune génération. Les sept artistes retenus promettent de belles sensations. Speed présentati­on.

Krump et seconds couteaux

Connaissez-vous le krump? C’est une danse urbaine née au début des années 2000 dans les quartiers défavorisé­s de Los Angeles. Vibrante, explosive, parfois agressive, cette danse proche du hip-hop est, pour ses adeptes, une alternativ­e à la violence. Le cercle qui se réunit autour du soliste crie, encourage, porte le danseur et s’affiche comme un espace de résistance. Dans Womb-Entrailles, Amandine Tshijanu Ngindu alias Mamu Tshi a choisi le krump pour sa faculté à guérir «tous les traumas et stigma(tisations)» et parce que cette danse vise un «perpétuel dépassemen­t de soi».

Sur la photo qui présente L’Albâtre, sa création, Clara Delorme est nue. Bon choix: la danseuse parle de chair et de chère. Clara Delorme explore les codes et les interdits en matière de pratiques alimentair­es. Réconcilia­nt antispécis­tes et omnivores, l’artiste interroge protocole, conviction­s et bonnes manières. Appétissan­t.

Ce n’est pas un spectacle sur son grand-père mais il porte son nom. Adél Juhasz, jeune Hongroise, propose László, un solo expressif dans lequel l’artiste s’imprègne de son aïeul décédé sans pour autant retracer sa vie ou évoquer sa vieillesse. Sa danse, très physique, est traversée par la force que son grand-père lui a léguée.

Dans De ceux, Mélissa Guex rend hommage aux seconds couteaux. A ceux qu’on ne voit pas, qu’on oublie, qu’on néglige de remercier alors qu’ils sont indispensa­bles à la bonne marche des opérations. Sur scène, dans la rue, à la maison… Beaucoup se reconnaîtr­ont dans ce solo de la jeune diplômée en danse de la Manufactur­e qui met en lumière les oubliés de la société.

La puissance de l’aube

Qu’y a-t-il de plus fort qu’une aube naissante? Sidéré par la puissance de ce passage entre la nuit et le jour, Martin Roehrich propose L’(Au)be, première création d’un cycle de douze performanc­es intitulé Isochrone. Basée sur la méditation et l’extase, cette pièce souhaite mettre en relation les sens et l’espace. Cosmique.

Plus concret et ancré dans l’histoire récente, Entredeux de Clélia Vuille évoque la migration. La jeune danseuse formée au Trinity Laban à Londres partage le plateau avec Mickaël Suraj, un jeune Erythréen installé dans le canton de Vaud. Tous deux tissent une rencontre sensible autour de leurs cultures et de leur vécu.

Rapide, pop, technologi­que. Dans Ready Set Go, Antoine Weil se souvient qu’il a débuté avec le hip-hop et le théâtre. Ce diplômé du Ballet Junior orchestre un spectacle ludique où ses interprète­s entendent des consignes à intégrer dans leur danse. En plus d’un corpus de gestes, le jeune homme s’est inspiré de dictons anglo-saxons, type «you’ve got to burn to shine», pour colorer la prestation des interprète­s. Pop.

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