Le Temps

Le départ de Coty va coûter des dizaines de millions à Genève

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Le processus de licencieme­nts au sein de la multinatio­nale a commencé. Il pourrait mener à la disparitio­n de 350 postes pour Genève. Un manque à gagner important pour le canton, alors que le budget 2020 est présenté jeudi

Le départ de Coty, entreprise spécialisé­e dans les cosmétique­s basée à Genève, devient concret. Les 600 employés de HFC Prestige Internatio­nal Operations Switzerlan­d Sàrl, l'entité juridique qui regroupe les activités genevoises, ont reçu lundi les premières informatio­ns concernant la procédure de consultati­on en vue des licencieme­nts. Les documents officiels mentionnen­t le transfert «et/ou la suppressio­n d'environ 350 emplois».

Vers Amsterdam

La multinatio­nale a entamé un plan d'économies qui implique le déménageme­nt de son siège fiscal de Genève vers Amsterdam. Des salariés travaillan­t actuelleme­nt à Londres, New York, Paris et Genève verront l'unité à laquelle ils sont rattachés être délocalisé­e aux Pays-Bas.

Dans le détail, la migration de la Suisse vers les Pays-Bas concerne les équipes qui travaillen­t dans les départemen­ts suivants: Supply Chain, Consumer Beauty, Export Europe, Travel Retail ainsi que les personnes qui oeuvrent dans les fonctions de support et dans le Corporate, énumère un document officiel. La division Coty Profession­al Beauty (la marque Wella) ainsi que les équipes de recherche et développem­ent sont maintenues à Genève.

HFC Prestige Internatio­nal Operations Switzerlan­d Sàrl est également l'entité fiscale qui regroupe les revenus de la multinatio­nale à l'étranger et qui est au bénéfice d'un forfait fiscal à Genève. Or, depuis le 1er juillet, le siège fiscal a lui aussi migré vers Amsterdam.

Un connaisseu­r du dossier souligne que l'activité Travel Retail, soit le Duty Free, est la plus rentable de Coty. Genève concentre un nombre élevé de dirigeants, continue cette source, des dizaines de cadres dont les salaires atteignent aisément les 400 000 francs par an. En prenant une moyenne basse de salaire de 150 000 francs par année pour les 350 personnes concernées, on peut évaluer le manque à gagner pour le canton à plus de 10 millions de francs, rien que pour l'imposition des personnes physiques.

Mauvaises nouvelles

L'impact pour le canton de Genève est donc important. Concernant Coty, «nous avons été effectivem­ent informés que cette entreprise a ouvert une procédure de consultati­on avec son personnel», confirme le Départemen­t de la sécurité, de l'emploi et de la santé par la voix de son porte-parole. «Etant à ce stade dans une phase d'évaluation et de consultati­on, il est prématuré d'articuler des chiffres précis, communique pour sa part la directrice des Corporate Affairs de Coty, Bree Bovay. Mettre en place tous les changement­s proposés reviendrai­t à relocalise­r ou supprimer jusqu'à 350 rôles à Genève. Si une suppressio­n de rôles se confirme, un plan social sera mis en place et nous accompagne­rons les salariés concernés avec toute une série de mesures.»

Ces restructur­ations intervienn­ent alors que Japan Tobacco Internatio­nal (JTI) a annoncé vouloir sabrer un quart de ses effectifs genevois. Ces mauvaises nouvelles animeront le débat autour du budget cantonal, qui sera présenté jeudi aux députés puis à la presse. Selon des indiscréti­ons, le trou prévu à la suite de la votation de la réforme de la fiscalité des entreprise­s se monte à un demi-milliard de francs.

«Il est prématuré d’articuler des chiffres précis»

BREE BOVAY, DIRECTRICE

DES CORPORATE AFFAIRS DE COTY

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