Le Temps

«En humour, tout va très vite»

Dévoilée mercredi, la 30e édition du Montreux Comedy Festival se déroulera exceptionn­ellement sur dix jours. Réunir les grands noms de l’humour tout en restant attentif à la relève demande une insatiable curiosité, dit son directeur, Grégoire Furre

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE GOBBO @StephGobbo

Le prochain Montreux Comedy Festival débutera exceptionn­ellement en novembre. Il faut dire que pour sa 30e édition, la manifestat­ion lémanique a décidé de mettre les petits plats dans les grands, passant de six à dix jours. Les sept galas inédits mis sur pied pour l’occasion seront présentés par Artus, Kev Adams, Alex Vizorek, ainsi que par trois duos: Alban Ivanov et Djimo, Thomas Wiesel et Marina Rollman, Sebastian Marx et Paul Taylor. Seront notamment sur scène à leurs côtés des habitués (Shirley Souagnon, Eric Antoine, Vérino, Manu Payet, Les Bodin’s, Elodie Poux), des Suisses (Yann Marguet, Charles Nouveau) et des humoristes qui montent (La Bajon, Julien Lacroix, Mariana Mazza, Tristan Lopin).

Fondateur et directeur de ce fringant trentenair­e, Grégoire Furrer a de quoi se réjouir: avec 1,2 million de fans cumulés sur les différents réseaux et plateforme­s numériques, la marque Montreux Comedy se classe en tête des festivals francophon­es, devant le Marrakech du rire et Juste pour rire Montréal.

Dix jours de festival, sept galas pour un total de 12 représenta­tions. Lorsqu’on sait à quel point il peut être difficile

de mettre sur pied un gala original, on se dit que le programme du 30e Montreux Comedy est peutêtre trop ambitieux? C’est un programme en effet très ambitieux, mais qu’on prépare depuis cinq ans. Pour nos 25 ans, on avait trois galas, mais de nombreux messages de personnes déçues de n’avoir pas trouvé de billet. On s’est alors dit que pour la 30e édition, on serait sur deux week-ends. Mais on a décidé de faire grandir le festival petit à petit, en rajoutant d’abord un 4e gala, puis des représenta­tions supplément­aires. On ne passe pas soudaineme­nt de 3 à 12 spectacles. Et surtout, on fait confiance aux gens qui ont envie de fabriquer de nouveaux contenus, de faire des choses différente­s, comme Marina Rollman et Thomas Wiesel. Leur envie est contagieus­e. Le public sent que les humoristes aiment venir à Montreux. Prenez Alban Ivanov: cette année, il est à l’affiche de quatre films et en permanence en promo. Lorsque ce printemps, il a accepté d’animer le gala de clôture, je lui ai demandé s’il était bien sûr d’avoir le temps. Et il m’a assuré que oui. De même, Kev Adams, qui fait une tournée des Zénith et participe à une émission de TF1, a bloqué du temps pour venir à Montreux. C’est pour nous un cadeau inestimabl­e.

Kev Adams viendra d’ailleurs pour la première fois. Est-ce nécessaire, en marge des amis du festival qui reviennent régulièrem­ent, d’accueillir chaque année une star inédite?

S’il est en effet important d’avoir des artistes qui viennent pour la première fois, comme Kev, il est plus important encore de partir de vraies envies artistique­s. On pourrait prendre le who’s who de l’humour et demander aux sites de billetteri­e qui sont les plus gros vendeurs de billets, mais ça n’aurait aucun intérêt. Kev Adams avait failli faire un gala il y a trois ans, mais au dernier moment il avait dû renoncer à cause d’un tournage à Los Angeles. On se voit depuis régulièrem­ent, car je voulais vraiment qu’il crée un gala original, qu’il écrive des inter-sketchs; je n’avais pas envie qu’il fasse ce qu’il fait dans les Zénith. Notre avantage est de pouvoir poser certaines exigences. Quand un artiste nous dit qu’il veut faire un gala, on peut clairement lui expliquer que cela représente tant de matériel original, tant de répétition­s ainsi que du temps pour la promo. Les premières réunions artistique­s ont lieu en janvier. Et si toutes les conditions ne sont pas réunies, on préfère laisser tomber. Nous faisons un gros travail éditorial.

Travail éditorial qui passe également par une attention particuliè­re accordée à la relève. Parmi les artistes annoncés, certains sont encore relativeme­nt peu connus… Est-ce difficile de prévoir d’une année à l’autre qui va soudaineme­nt exploser?

Il faut être hyper-curieux. Même si j’ai des recruteurs, je vois moi-même énormément de spectacles. Car tout bouge de six mois en six mois. Une fille comme La Bajon, je ne l’aurais pas programmée il y a une année. Mais vu ce qui se passe avec elle sur les réseaux sociaux depuis janvier, c’était impensable de ne pas la programmer. Et durant le gala de clôture, on devrait normalemen­t accueillir Az, qui est chroniqueu­r dans la nouvelle émission de Cyril Hanouna, La Grande Darka. A fin octobre, il ne sera plus libre, car il aura explosé. Tout va très vite. ▅

30e Montreux Comedy Festival, du 28 novembre au 7 décembre.

«Le public sent que les humoristes aiment venir à Montreux»

GRÉGOIRE FURRER, DIRECTEUR DU MONTREUX COMEDY FESTIVAL

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(EDDY MOTTAZ/LE TEMPS) Le Montreux Comedy Festival, que Grégoire Furrer a fondé, se classe en tête des festivals francophon­es.

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