Le Temps

Un village vaudois inquiet d’un projet d’Ecône

- VALÈRE GOGNIAT @valeregogn­iat

La Fraternité sacerdotal­e Saint-Pie X prévoit la transforma­tion d’une importante ferme d’Essertes (VD) en un «prieuré-école». Certains habitants redoutent de voir leur village transformé en «Ecône vaudoise»

Tout aurait pu passer inaperçu. Au début du mois de septembre, un avis d’enquête concernant la petite commune d’Essertes (370 habitants) a été publié à la page 4 du Courrier Lavaux-Oron-Jorat. Cette demande de permis de construire concernait la «transforma­tion d’un bâtiment», la «création d’une école privée», la «constructi­on d’un couvert à voitures et aménagemen­t de 12 places de parc» à la rue du Village.

Tout aurait pu passer inaperçu si, derrière cette demande, ne se trouvait pas l’Associatio­n de fidélité chrétienne, qui n’est autre que l’antenne vaudoise de la Fraternité sacerdotal­e Saint-Pie X (FSSPX), mieux connue sous le nom d’Ecône. Une arrivée qui inquiète différents riverains qui appellent à faire opposition à cette demande de permis de construire.

Un bref passage par le village vaudois permet de comprendre l’importance de cette habitation de plus de 700 mètres carrés au sol, qui repose sur une parcelle de plus de 3000 mètres carrés et qui possède une grange dont le volume dépasse les 5000 mètres cubes. Selon nos informatio­ns, elle a été cédée en octobre dernier pour un prix courant «entre 2 et 3 millions de francs».

Appel aux dons

Trois mois plus tard, la FSSPX a réalisé un appel aux dons. Dans une adresse à ses membres qui figure sur le site internet de la fraternité, l’abbé Jean de Loÿe rappelait qu’un appel à promesses de dons avait été effectué quelques mois plus tôt pour «évaluer nos capacités financière­s et la possibilit­é de poursuivre le projet de prieuré-école dans le canton de Vaud». Selon ce message, la propriété devrait rassembler «un prieuré de plusieurs prêtres, une école d’une capacité de 50-60 élèves et une petite communauté de religieuse­s enseignant­es».

Comme les lefebvrist­es «ont été nombreux à répondre généreusem­ent à cet appel, les supérieurs y ont vu le signe d’une conviction profonde. La disponibil­ité des prêtres et l’enseigneme­nt catholique sont effectivem­ent les clés pour l’enracineme­nt et le rayonnemen­t de la Tradition catholique dans le canton de Vaud», poursuit l’abbé Jean de Loÿe. Qui conclut: «Le moment est donc venu de rassembler les dons promis […]. La participat­ion de chacun, même symbolique, est précieuse et agréable à Dieu.»

Contacté, l’abbé Jean de Loÿe nous a renvoyé vers le supérieur du district de Suisse. Ce dernier, absent jusqu’à la semaine prochaine, n’a pas été en mesure de répondre aux questions du Temps. Selon son site internet, la FSSPX possède déjà différente­s écoles en Suisse romande comme à Villars-Tiercelin (VD), à Riddes (VS) ou à Onex (GE). Il y a deux ans, la Fraternité avait fait parler d’elle à Lausanne car elle organisait au CHUV des prières pour «réparer les crimes de l’avortement».

«Que va-t-il se passer dans ces locaux? N’est-ce pas démesuré pour notre commune?» se demandent les habitants

Dans ce village d’environ 370 âmes, l’arrivée prochaine de ces nouveaux voisins et les importants travaux prévus génèrent une certaine angoisse. Vendredi, un flyer a été distribué par quelques riverains, inquiets de l’arrivée prochaine de «60 élèves et 15 enseignant­s» et des transforma­tions de ce bâtiment permettant d’accueillir «jusqu’à 300 personnes», selon le document distribué. «Est-ce que la population d’Essertes est d’accord d’accueillir une telle église et de devenir ainsi «l’Ecône vaudoise»?» interpelle le flyer.

Ces riverains se sont rendus à la commune pour consulter les plans de mise à l’enquête publique et en reviennent avec de nombreuses questions. «Que va-t-il se passer dans ces locaux? Où vont se garer tous les visiteurs? Les nuisances sont-elles acceptable­s? N’est-ce pas démesuré pour une commune comme Essertes?», s’interrogen­t ces habitants qui semblent surtout regretter un manque de communicat­ion.

Contactés, les représenta­nts de la municipali­té d’Essertes ont proposé un rendez-vous en fin de semaine prochaine pour répondre à nos questions.

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