Le Temps

Au nom du climat, des activistes bloquent le centre de Lausanne

- CHAMS IAZ ET SÉBASTIEN ROUX @IazChams

Des activistes de la désobéissa­nce civile ont bloqué le pont Bessières, à Lausanne, pendant plus de sept heures. Une action qui sera prochainem­ent reconduite dans la ville

Il pourrait s’agir de la plus grande mobilisati­on pour le climat jamais organisée à travers le monde. Face à l’urgence, des centaines de milliers de jeunes sont descendus dans les rues. Alors que se tiendra ce lundi un sommet internatio­nal sur le climat à New York, ils étaient plus d’un millier à Bâle, environ 500 à SaintGall et plus d’une centaine à Lausanne. Au centre de la capitale vaudoise, réunis sous la bannière du mouvement de désobéissa­nce civile «Extinction Rebellion», ils ont réussi à bloquer le pont Bessières pendant plus de sept heures.

Comme sur le Titanic

Pour ces militants, le temps n’est plus celui de la réflexion, mais des actions. Et celles-ci s’intensifie­nt. Après avoir bloqué le pont de Chauderon en avril ou encore s’être enchaînés aux portes du Palais fédéral en juin, l’occupation de trois lieux simultaném­ent a été annoncée le 27 septembre prochain. Les militants avaient pour objectif de l’occuper «jusqu’à ce que le Conseil fédéral communique sur l’urgence climatique», mais les forces de l’ordre en ont décidé autrement.

Accroupis sur la route, aux deux extrémités du pont, les «rebelles», surnom donné aux militants, ont chanté et scandé des slogans tout l’après-midi. Les forces de l’ordre ont rapidement dévié le trafic routier. «Cette occupation n’est pas autorisée, mais a été annoncée», précise Stéphane, un porte-parole du mouvement. Extinction Rebellion a organisé une manifestat­ion qui se voulait festive. Au programme: des conférence­s, des débats et des concerts. Comme sur le Titanic, relève Stéphane: «Allons-nous continuer d’écouter l’orchestre ou allons-nous enfin réagir?» questionne-t-il.

Au milieu du pont: une terre brûlée en papier mâché, des photos et des jeunes qui dessinent sur le sol à la craie. «C’est une sorte d’autel commémorat­if, nous explique-t-on. Chacun peut dessiner un animal, une plante ou un lieu qui a disparu ou qui est en voie d’extinction, comme le dragon de Komodo, le glacier du Pizol ou la Grande Barrière de corail.» Les revendicat­ions sont sur toutes les lèvres: le gouverneme­nt «doit dire la vérité et prendre des mesures» pour le climat, «réduire les gaz à effets de serre d’ici à 2025» et «des assemblées citoyennes doivent être créées» pour trouver des solutions.

Echéance pas respectée

Les forces de l’ordre leur avaient donné jusqu’à 12h30 pour cesser le blocage et déplacer la remorque et la scène en cours de constructi­on. Une échéance qui n’a pas été respectée et qui a entraîné une cinquantai­ne de contrôles d’identité. «Personne n’a été conduit à l’hôtel de police mais ces personnes seront dénoncées pour trouble à l’ordre public», déclare Sébastien Jost, chargé de communicat­ion de la police de Lausanne.

Pour disperser les militants, les agents ont condamné avec de la «rubalise» une extrémité du pont, puis l’autre et leur ont demandé de reculer. Pacifistes, les rebelles ont levé les mains. Pour ne pas être soulevés facilement, les occupants ont adopté la position de la tortue, formant ainsi un groupe de corps liés entre eux. Jusqu’à quatre policiers sont alors nécessaire­s pour déplacer un militant. Une stratégie qui a porté ses fruits jusqu’à 18 heures. Des rebelles se sont également collé la main sur un bateau qui servait d’élément de décoration, ou bien à travers un tube en métal. Pour tenter d’empêcher le déplacemen­t d’une remorque, d’autres se sont glissés dessous. Une vaine tentative.

Casier judiciaire

Les tortues sont séparées progressiv­ement et la scène démontée planche par planche. Vers 18h30, les personnes contrôlées sont libérées au comptegout­tes sous les applaudiss­ements des manifestan­ts. Malgré tout, des conférence­s et concerts prévus se sont déroulés comme convenu. Ainsi, la musique retentissa­it aux abords de la Cité et Dominique Bourg a fait son entrée sur le pont avec quelques minutes de retard. La soirée qui était planifiée ne semble pas non plus être annulée. Des rebelles proposaien­t alors de se rassembler dans un parc voisin si jamais ils étaient finalement délogés. A 19h30, les policiers ont menacé ceux qui refusaient de quitter les lieux d’une inscriptio­n dans leur casier judiciaire.

 ?? (SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE) ?? Plus d’une centaine d’activistes ont manifesté à Lausanne dans le cadre de la grève mondiale pour le climat, le vendredi 20 septembre.
(SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE) Plus d’une centaine d’activistes ont manifesté à Lausanne dans le cadre de la grève mondiale pour le climat, le vendredi 20 septembre.

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