Le Temps

Une initiative pour mieux protéger la jeunesse

- A. SK.

Face à des soupçons de dysfonctio­nnements au sein du Service vaudois de protection de la jeunesse (SPJ), un collectif lance une initiative populaire. Le texte demande entre autres que la loi sur la protection des mineurs soit entièremen­t révisée

«Un enfant de 10 ans déscolaris­é depuis trois ans. D’autres de 14 ans, placés en «foyers à bas seuil», c’est-à-dire dans des chambres d’hôtel, livrés à eux-mêmes. Des affaires de contrainte­s sexuelles. Des familles sans nouvelles de leur enfant durant des mois, voire des années.» Ces exemples livrés en conférence de presse vendredi par le collectif vaudois pour une meilleure protection des jeunes témoignent, selon ses membres, d’un dysfonctio­nnement au sein du SPJ, le Service de protection de la jeunesse.

«Après des mois de travail et de consultati­on de familles, notre collectif a pu constater l’ampleur des lacunes existant dans la prise en charge des mineurs», relate Sandra Pernet, conseillèr­e communale lausannois­e PDC qui s’était fait remarquer dans les affaires du deal de rue en 2018. «Les dégâts sont grands: des enquêtes sociales bâclées, des liens familiaux coupés, des parents mis à l’écart lors de décisions, de nombreux mineurs mis en danger. Les témoignage­s nous montrent que des dysfonctio­nnements existent dans tous les cantons. Nous sommes fiers d’être les premiers, dans le canton de Vaud, à proposer un réel changement.»

Créer un tribunal de la famille

Le collectif, constitué de personnes qui ont «toutes vécu un problème avec le SPJ», invite la population à signer son initiative populaire, lancée vendredi. La récolte des 12 000 signatures court jusqu’au 27 janvier. La démarche vise à réviser entièremen­t la loi sur la protection des mineurs et à l’adapter à la situation actuelle. Afin d’axer la prise en charge «sur le traitement de fond plutôt que sur la punition», et sur la protection des liens familiaux.

Elle demande, à l’image de ce qui se fait en Allemagne et au Canada, un tribunal de la famille. A noter que les cantons de Fribourg et du Jura ont chacun déjà tenté d’instaurer un tribunal pour les affaires familiales, sans succès. «Nous attendons d’un tribunal de la famille qu’il accélère la procédure judiciaire qui prend souvent des années. Nous exigeons que ses juges soient expresséme­nt formés au droit de la famille, ce qui n’est pas le cas actuelleme­nt et qu’une médiation familiale ordonnée soit rapidement instaurée en cas de conflit», présente Julien Dura, du collectif.

«Les dégâts sont grands: des enquêtes sociales bâclées, des liens familiaux coupés, des parents mis à l’écart lors de décisions» SANDRA PERNET, CONSEILLÈR­E COMMUNALE PDC

Autre point traité par l’initiative: la constituti­on d’une commission neutre pour recevoir et traiter les plaintes qui concernent la prise en charge des mineurs par les structures de l’Etat. Selon le collectif, il doit y avoir un moyen de contrebala­ncer le poids du canton, «tout-puissant dans les décisions des mineurs». «Nos enfants méritent mieux que les excuses de l’Etat», intervient Nicola di Giulio, présent comme victime de placement abusif. «Le canton paie des indemnisat­ions aux victimes de placement abusif, mais cela continue sous ses yeux», dénonce-t-il. L’ancienne députée PLR Véronique Hurni dit avoir plusieurs fois alerté le gouverneme­nt vaudois sur l’état du SPJ, et obtenu un audit. «C’est un service intouchabl­e. Cette initiative va amener un gros coup de sac dans son fonctionne­ment interne», promet-elle.

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