«Urgences» et «Friends», impérissables
◗ Deux quarts de siècle. Ces jours, le petit monde des séries est agité par deux anniversaires, d’abord Urgences, lancée le 19 septembre 1994, puis Friends, le 22. Avec encore Un Tandem de choc et surtout Wycliffe en Grande-Bretagne, vénérable feuilleton criminel des Cornouailles, cette année 1994 a décidément été fructueuse. On mesure surtout comment les deux premières ont structuré leurs champs de fictions d’une puissante manière, au point de rester incontournables aujourd’hui.
Urgences venait, déjà, après de nombreuses séries médicales. Mais vingt-cinq ans plus tard, elle demeure celle qui a chamboulé le registre. D’autres ont tenté un certain réalisme, la vogue a été au jumelage de genres (sentimental avec Grey’s Anatomy, policier dans House M. D.), puis, ces temps, on se focalise sur les figures, l’autiste sympathique chez The Good Doctor ou le chef ruisselant de bonne volonté de New Amsterdam.
Urgences a pu vieillir sur certains points (peu), elle conserve une place à part, et n’a guère été dépassée dans son créneau – on a pu hasarder qu’en France Hippocrate s’en approche avec talent.
Quant à Friends, au moment où Lego la rappelle avec ses briques en suivant la suggestion d’un fan, sa solidité constitue un mystère. On a récemment appris qu’elle figure parmi les principales audiences de Netflix – en 2019! Certes, elle triomphe toujours par défaut de concurrence. Hormis The Big Bang Theory, qui lui doit presque tout, la chronique des six amis du Central Perk est devenue une série de compagnonnage pour les anciens, et semble découverte avec enthousiasme par les plus jeunes.
Les francophones ne s’en rendent peut-être pas compte car le doublage arrondissait les angles, mais sa liberté de ton, notamment sexuelle, explique peut-être un peu sa fraîcheur constante. Mais ce n’est qu’une modeste raison. La qualité de ces 236 péripéties, sans fléchissement durant dix années, leur confère, toujours, une place dans la vie des amateurs.