Le Temps

Les entreprise­s s’arrachent les jeunes informatic­iens

- CAMILLE CHAPPUIS

La 37e édition du Forum EPFL s’est tenue en fin de semaine dernière au SwissTech Convention Center. Etudiants et recruteurs se sont rencontrés sur les stands des entreprise­s jeudi et vendredi. Constat: ces dernières déroulent le tapis rouge aux jeunes issus des filières informatiq­ues

Elles représente­nt toutes une industrie différente, mais elles recherchen­t toutes la même chose. La semaine dernière, 190 entreprise­s étaient présentes au SwissTech Convention Center à l'occasion de la 37e édition du Forum EPFL pour tenter d'attirer de nouvelles recrues. Le constat est net: tournant numérique oblige, de l'agroalimen­taire à l'industrie du luxe, en passant par la banque, l'audit et les pharmas, on s'arrache les étudiants issus des sciences de l'informatiq­ue.

Les étudiants fourmillai­ent jeudi et vendredi derniers entre les stands du forum, qui se présente comme «le plus grand salon de recrutemen­t d'Europe». Les uns s'étaient mis sur leur trente et un, dans l'espoir de décrocher un stage ou un emploi. Les autres se baladaient et venaient «juste voir», sans autre but que d'établir un contact, à l'instar de ces trois étudiants de master en génie chimique et biotechnol­ogique: «De toute façon, ce qui est le plus recherché ici, ce sont les data scientists.»

Les entreprise­s partent à la chasse

Data science, la science des données en français, est une sous-branche de l'informatiq­ue qui consiste à analyser des données de masse et à en extraire des informatio­ns. Le constat dressé par les trois étudiants se confirme auprès des entreprise­s, qui recherchen­t ardemment des spécialist­es de data science. Mais pas seulement: on court aussi après des experts de computer science, de software engineerin­g, de machine learning et d'IT (littéralem­ent: informatiq­ue, développem­ent de logiciels, apprentiss­age automatiqu­e – une des branches de l'intelligen­ce artificiel­le – et technologi­e de l'informatio­n). Des branches devenues cruciales à l'heure du tournant numérique imposé aux sociétés.

Non seulement ce type de profils ont la cote, mais surtout ils ne sont pas aisés à recruter. Jennifer Naim, spécialist­e en ressources humaines chez Sicpa, active dans les systèmes d'authentifi­cation, témoigne: «Nous sommes surtout connus pour nos activités en lien avec les encres de sécurité, mais nous avons de plus en plus de besoins dans le digital et dans le software engineerin­g. Nous sommes particuliè­rement proactifs dans le recrutemen­t de ce type de profils fortement demandés sur le marché du travail.»

Un constat partagé par Vincent Mivelaz, responsabl­e des ressources humaines chez le spécialist­e vaudois de la sécurité numérique Kudelski: «Le marché est sec, parce que la concurrenc­e entre les entreprise­s est énorme et qu'elles recherchen­t toutes ces nouvelles compétence­s – particuliè­rement dans le domaine de la cybersécur­ité. Nous avons donc adapté notre manière de recruter: nous ne pouvons pas simplement attendre que les postulatio­ns arrivent, nous devons aussi nous-mêmes chasser les candidats.»

«Le nombre de profession­nels disponible­s est faible par rapport à la forte demande des entreprise­s»

FRANCK GUÉRIN, DIRECTEUR DE CONTINUUM INTERNATIO­NAL

«Les personnes issues des domaines de l'informatiq­ue sont compliquée­s à recruter», confirme Franck Guérin, directeur de Continuum Internatio­nal, cabinet de chasseurs de têtes en Suisse romande et en France. D'une part, parce que le nombre de profession­nels disponible­s est faible par rapport à la forte demande des entreprise­s. «D'autre part, parce que, lassées d'être assaillies de sollicitat­ions, notamment sur LinkedIn, ces personnes ne sont pas facilement atteignabl­es», poursuit le chasseur de talents.

Tapis rouge pour les informatic­iens…

En somme, dans le domaine de l'informatiq­ue, ce sont souvent les entreprise­s qui partent à la recherche des candidats, plutôt que l'inverse. Les intéressés confirment: «Tout le monde nous recherche. D'ailleurs, partout où on va, on reçoit des trucs gratuits!» rigole Lukas, étudiant de master en computer science. Et ils ont l'embarras du choix, leur discipline pouvant s'appliquer à tous les secteurs. Lui, comme les autres étudiants de ce master rencontrés par Le Temps, se dit confiant: «Je ne sais pas pour quelle boîte je vais travailler, mais je sais que je trouverai sans problème un emploi.»

… mais pas pour les autres

L'avenir semble moins radieux pour d'autres discipline­s de l'EPFL. «Ce n'est pas du tout facile de trouver un travail dans ma branche!» regrette une docteure en sciences et ingénierie de l'environnem­ent qui recherche activement un emploi. L'amie qui l'accompagne, issue de la même branche, abonde dans son sens: «A l'EPFL, on nous dit que toutes les portes s'ouvriront à nous à la sortie de nos études, mais ce n'est pas vrai!»

Elle soupire: «Si je devais refaire ma vie, je choisirais computer science…»

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(DR) Les jeunes profession­nels du monde de l’informatiq­ue sont de plus en plus recherchés par les entreprise­s, tous secteurs confondus.

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