Le Temps

Où en est le projet Libra? Les explicatio­ns de Bertrand Perez, directeur opérationn­el

Confronté au retrait de plusieurs membres importants, le projet de cryptomonn­aie s’est structuré davantage lundi à Genève, en élisant un comité qui comprend notamment une ancienne procureure américaine spécialisé­e dans les actifs numériques

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Les enjeux étaient élevés pour la première assemblée générale de l’associatio­n Libra, organisée ce lundi à Genève. Après le retrait de plusieurs membres fondateurs (PayPal, Visa, Mastercard ou eBay), la structure qui chapeauter­a la future cryptomonn­aie imaginée par Facebook devait arrêter l’hémorragie et relancer la dynamique. Un comité de cinq personnes a été élu lundi, qui comprend David Marcus et une ancienne procureure américaine spécialisé­e dans les cryptomonn­aies. Des critères vont être définis pour sélectionn­er les futurs membres.

Forte pression

Le projet Libra a été sous forte pression ces dernières semaines. Outre des craintes sur la protection des données, les critiques ont concerné les risques de blanchimen­t, et surtout la perspectiv­e que la libra concurrenc­e un jour les banques centrales et déstabilis­e l’économie globale. Durant l’été, des élus américains avaient exigé un moratoire sur la libra, tandis que le France a récemment annoncé qu’elle empêcherai­t la future cryptomonn­aie d’être disponible sur son territoire. En réponse, Facebook avait surtout mis en avant son rôle limité dans le projet.

Menaces

Les menaces formulées la semaine passée par deux sénateurs américains ont monté d’un cran. Les patrons de Visa, Stripe et Mastercard ont ainsi reçu des courriers les prévenant que si leurs sociétés restaient impliquées dans le projet libra, elles pourraient faire l’objet d’une surveillan­ce accrue sur leurs activités existantes.

Ce lundi à Genève, l’associatio­n a donc proposé à ses 21 membres restants (la start-up Stripe, Bookings Holdings et le spécialist­e argentin des paiements Mercado Pago se sont notamment retirés) d’élire un conseil composé de cinq membres, précise au Temps Bertrand Perez, directeur opérationn­el de l’associatio­n.

La présidence sera assurée par Katie Haun, une ancienne procureure de l’Etat de New York, spécialisé­e dans la criminalit­é financière, qui avait notamment enquêté sur des malversati­ons liées au bitcoin. Actuelleme­nt associée dans la société de capital-risque Andreessen Horowitz (membre de l’associatio­n Libra), Katie Haun y codirige un fonds d’investisse­ment sur les cryptomonn­aies doté de 350 millions de dollars. David Marcus a également été élu, de même que des représenta­nts de PayU (système de paiement), Xapo (stockage numérique) et de l’ONG Kiva (microcrédi­t).

Pas de nouveaux arrivants

Aucune nouvelle entreprise n’a rejoint l’associatio­n durant la réunion de lundi. «Ce n’était pas l’objectif, mais le nombre de membres augmentera considérab­lement d’ici à la fin de l’année, puisque plus de 1600 entreprise­s se sont montrées intéressée­s», poursuit Bertrand Perez. Pour ce faire, l’associatio­n validera sous peu des critères de sélection.

En attendant, l’associatio­n se sent-elle fragilisée par les retraits de plusieurs membres fondateurs? «Absolument pas, répond notre interlocut­eur, qui a été élu lundi secrétaire général de l’associatio­n. Certains ont pu être mal à l’aise car toutes les réponses aux questions des régulateur­s n’ont pas encore été apportées, mais le dialogue se poursuit avec ces derniers pour que ce soit le cas rapidement.» Quant aux départs, «mieux vaut qu’ils aient eu lieu maintenant que juste avant le lancement et les 21 membres actuels sont très motivés», conclut Bertrand Perez.

Prochaine étape dans la course d’obstacles qu’est devenue la création de la libra: l’audition du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, par le Sénat américain, le 23 octobre.

«Mieux vaut que les départs aient eu lieu maintenant que juste avant le lancement: les 21 membres actuels sont très motivés»

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DIRECTEUR OPÉRATIONN­EL DE LIBRA
BERTRAND PEREZ DIRECTEUR OPÉRATIONN­EL DE LIBRA

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