Le Temps

Dans la station de Crans-Montana, on regrette la sortie du Magic Pass

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

La décision des remontées mécaniques de la station de se retirer, dès la fin de l’hiver, de l’abonnement commun à plus de 30 stations romandes est vue d’un mauvais oeil sur le Haut-Plateau. Tout le monde désapprouv­e cette décision unilatéral­e de la société

La surprise est de mise sur le HautPlatea­u. Les regrets également. L'annonce, ce lundi dans Le Temps, du retrait de Crans-Montana du Magic Pass, cet abonnement commun à plus de 30 stations romandes, dès la fin de l'hiver, étourdit une région qui vit majoritair­ement du tourisme et dont les Remontées mécaniques de Crans-Montana Aminona (CMA) sont le poumon économique.

«C'est regrettabl­e pour la station, réagit Jean-Daniel Clivaz, le président de Crans-Montana Tourisme & Congrès. Nous sentions, depuis quelques jours, que l'on se dirigeait vers cette issue. Nous avons rencontré CMA pour en discuter, sans succès. Quand on construit un plan de développem­ent, on passe des heures à faire de la stratégie, à parler de chiffres. On ne met pas ses partenaire­s systématiq­uement devant le fait accompli. Maintenant, nous attendons tous le plan B de CMA, afin de pouvoir orienter notre stratégie pour les années futures.»

Président de la commune de Crans-Montana, Nicolas Féraud partage à l'identique cette analyse. «Les dirigeants de CMA ont demandé aux présidents des trois communes du Haut-Plateau de les soutenir dans leur décision, précise-t-il. Il est difficile d'accepter un tel engagement lorsqu'on ne connaît pas la stratégie arrêtée. Mais nous allons les aider au mieux, pour minimiser l'impact sur l'économie locale.»

Représenta­nt des communes au sein du conseil d'administra­tion de CMA, Laurent Bagnoud avoue partager les craintes des commerçant­s de la station, qui «savent ce que l'on quitte, mais pas encore précisémen­t ce qu'il adviendra». Il ajoute que la communicat­ion, qui «depuis deux ans n'est pas positive, donne le sentiment d'un manque de sérénité et de continuité dans les décisions».

Le Magic Pass, c'est près de 130000 abonnés et autant de clients potentiels pour les remontées mécaniques partenaire­s. Jean-Daniel Clivaz souligne que près de 300000 journées-skieurs, soit un tiers de l'objectif visé par CMA, ont été réalisées à Crans-Montana par le Magic Pass en 2019.

Le risque, en quittant cet abonnement commun, est de perdre tout ou partie de ces clients. Président du comité d'organisati­on des courses de Coupe du monde féminine à Crans-Montana, Marius Robyr espère que «CMA a fait une analyse détaillée de la situation avant de prendre sa décision et qu'elle n'aura pas à la regretter». Nicolas Féraud ajoute que sur le plan financier CMA prend également un risque, puisque le Magic Pass lui assurait un revenu de près de 10 millions de francs chaque année.

Aucune crainte pour l’avenir du Magic Pass

Du côté du Magic Pass, on regrette également le départ du plus grand domaine skiable de l'offre. Mais on n'a aucune crainte pour l'avenir. «Crans-Montana enregistra­it 21,3% des passages du Magic Pass, mais récoltait 25,6% des recettes. Si nous perdons 20% de clients, nous aurons toujours 5% de plus de chiffre d'affaires à se répartir entre les autres stations», détaille Sébastien Travellett­i, membre de l'administra­tion du Magic Pass. Il précise que les membres de la coopérativ­e ne pouvaient pas aller en direction de Crans-Montana et de sa volonté de surcoût pour profiter du domaine skiable durant les périodes de haute fréquentat­ion: «On ne peut pas décider d'un changement aussi fondamenta­l à partir d'une page blanche, telle que fournie par CMA.»

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