En France, le voile redevient polémique
La polémique soulevée par l’expulsion d’une femme voilée du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté divise le gouvernement
Jean-Michel Blanquer était jusque-là le point d’équilibre au sein de la majorité présidentielle française. Changement radical depuis que le ministre de l’Education a choisi d’intervenir dans la polémique suscitée par l’altercation survenue le 11 octobre, au sein du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, entre un élu du Rassemblement national et une parente d’élève voilée, accompagnatrice d’un groupe d’élèves.
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de l’élu, Julien Odoul, a été vue plus que quatre millions de fois. Avec force émotion puisque la femme voilée, pointée du doigt par ce dernier au nom de la laïcité et des principes républicains alors qu’elle n’avait pas enfreint la loi – qui permet le port de signes religieux mais l’interdit aux fonctionnaires ou aux éducateurs dans les écoles – a fini avec son propre fils dans les bras, en pleurs…
La question posée en France est de nouveau celle du voile porté par les femmes musulmanes. Non pas à l’intérieur des établissements scolaires, mais lors des activités parascolaires. Or le ministre, réputé pour son souci de la discipline, a mis son poids dans la balance estimant dans un entretien que «le voile n’est pas souhaitable dans nos sociétés». La droite française, aussitôt, s’est emparée du sujet, proposant un projet de loi qui étendrait les textes existants. Au grand dam de la frange la plus libérale de la majorité macronienne, et de l’opposition de gauche.
Vers les salafistes
«Ces femmes voilées s’impliquent dans la vie scolaire. Elles confient leurs enfants à l’école de la République plutôt que de les placer dans des écoles religieuses islamiques, soutenait mardi sur la chaîne LCP le député François Pupponi, longtemps membre du Parti socialiste et ancien maire de Sarcelles, en banlieue nord de Paris. Exiger l’abandon du voile, c’est à la fois se priver de leur concours et les pousser vers les salafistes, qui ne demandent que ça.»
Pour calmer le jeu, le premier ministre Edouard Philippe a dû intervenir, confirmant pour l’heure que le port du voile lors de sorties scolaires reste légal. Emmanuel Macron, lui, pourrait prendre la parole ces prochains jours. Après l’attentat du 3 octobre à la préfecture de police de Paris, le président de la République avait souhaité «une société de vigilance» capable de déceler les signes de radicalisation. Cette nouvelle affaire de voile embrouille encore plus le débat français, toujours empoisonné, sur l’islam et la laïcité.
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