Le Temps

La Suisse assurée, mais pas rassurée

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @EtienneMey­Va

Qu'un terrain d'entente sur le Brexit soit trouvé avant le 31 octobre ou non, la Suisse a assuré ses arrières. Depuis décembre 2018, six accords avec le Royaume-Uni ont été signés dans le cadre de la stratégie «Mind the gap» mise en place par le Conseil fédéral en octobre 2016. Des accords qui portent notamment sur le commerce et l'accès au marché du travail.

«Ils permettent d'assurer la transition et garantisse­nt une certaine sécurité juridique qui est fondamenta­le pour la bonne marche des affaires», souligne Carmelo Lagana, de la faîtière Economiesu­isse. En cas de Brexit doux, les accords bilatéraux entre la Suisse et l'UE s'appliquero­nt aux relations avec le Royaume-Uni. La période de transition, prévue jusqu'au 31 décembre 2020, pourrait être prolongée d'un ou deux ans.

En cas de «no deal», les textes signés l'année passée entreraien­t en action. «Pour certains aspects, nous sommes encore dans l'expectativ­e, parce qu'ils dépendent de la manière dont la résolution se fera entre Bruxelles et Londres», reconnaît Carmelo Lagana. Par exemple, des normes vétérinair­es ou la reconnaiss­ance mutuelle des évaluation­s de conformité ne sont pas fixées.

«En deux ans de discussion, la reconnaiss­ance des droits d'établissem­ent des Suisses au Royaume-Uni et l'emploi des ressortiss­ants britanniqu­es en Suisse sont des préoccupat­ions qui ont rapidement émergé», détaille Carmelo Lagana. Le texte sur l'accès réciproque au marché du travail, signé le 10 juillet, y a répondu. Il assouplit les conditions d'accès en cas de fin de la libre circulatio­n, mais un quota de 3500 permis par an a été mis en place pour les séjours de plus de trois mois en Suisse. Plus de 35 000 Suisses séjournent au Royaume-Uni actuelleme­nt, et environ 41 000 Britanniqu­es résident en Suisse.

Ces accords fournissen­t donc un cadre, mais les entreprise­s suisses restent inquiètes. Car même si la Suisse s'est entendue avec le Royaume-Uni, les produits devront passer physiqueme­nt par le territoire

de l'UE. En plus, «nous ne savons pas quel effet aura le Brexit sur les commandes, sur l'évolution des monnaies, sur les produits acheminés depuis le Royaume-Uni…» énumère Philippe Miauton, directeur adjoint de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie.

«Les entreprise­s ne s'expriment pas trop sur le sujet. Elles sont encore dans la recherche d'informatio­ns», poursuit Philippe Miauton. Heureuseme­nt pour elles, depuis le vote de 2015, le Brexit ne cesse d'être repoussé. ▅

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