Controverse sur la présence d’un ex-Nestlé à la DDC
La nomination d’un ancien lobbyiste de la multinationale à la direction du bras humanitaire de la Confédération suscite la polémique. Une pétition demande son départ. Du côté du DFAE, on loue les compétences de la nouvelle recrue
La nouvelle serait passée presque inaperçue, si elle n’avait provoqué un tollé auprès des ONG. La DDC (Direction pour la coopération et le développement), l’organe d’aide humanitaire de la Confédération, compte au sein de son comité de direction l’ancien responsable des affaires publiques de Nestlé, Christian Frutiger. «Il est depuis le 1er octobre chef de la division coopération globale de la DDC et ainsi l’un des quatre vice-directeurs de la DDC», confirme le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) au Temps mercredi.
Après de premières critiques sous la Coupole pointant notamment un risque de conflit d’intérêts, relayées après sa nomination cet été par l’Aargauer Zeitung, une pétition demande désormais son départ. Lancée en fin de semaine dernière par une association écologiste nord-américaine, elle s’adresse directement au chef du DFAE, Ignazio Cassis.
Crise à Vittel
Le texte, rassemblant 10 656 signatures sur 25 000 visés (état au mercredi soir), critique la gestion des problématiques liées à l’embouteillage de l’eau par Christian Frutiger lorsqu’il était chargé de représenter la firme dans ses discussions avec la société civile. La pétition rappelle notamment la bataille qui oppose Nestlé Waters aux habitants de Vittel, en France, accusant la multinationale de siphonner la nappe phréatique. Ceux-ci ont d’ailleurs annoncé avoir obtenu «une victoire d’étape» en justice mercredi, avec le réexamen d’un projet devant permettre à Nestlé Waters de continuer à puiser dans cette nappe déficitaire, ce qui pour l’heure contraint trois communes à pomper l’eau une dizaine de kilomètres plus loin. Des controverses que les pétitionnaires jugent incompatibles avec le cahier des charges de Christian Frutiger au sein de la DDC.
Ce cahier des charges englobe des programmes, qui portent sur le changement climatique, l’eau, la migration, la santé publique et la sécurité alimentaire.
De son côté, le DFAE, qui dit avoir connaissance de la pétition, défend les «excellentes compétences» de son nouveau collaborateur: «Monsieur Frutiger s’est imposé comme étant le meilleur candidat, au terme d’un processus de recrutement mené à l’interne et à l’externe», écrit au Temps un porte-parole. Ont pesé notamment les treize ans d’expérience du candidat au sein du CICR, précise-t-il, ainsi que sa participation à la commission consultative de la coopération internationale.
Le processus de recrutement aura aussi permis d’écarter la possibilité de conflits d’intérêts, «après une analyse minutieuse, menée à plusieurs niveaux», affirme encore le DFAE. Il souligne en outre que le renforcement de la collaboration du secteur privé fait partie des objectifs stratégiques de la DDC.
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