Le Temps

OpéraLab, une naissance lyrique

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er

Pour révolution­ner les codes de l’opéra, une nouvelle plateforme d’expériment­ation engage sept institutio­ns, dont le Grand Théâtre, la Comédie, la HEM et la HEAD. Présentati­on par la coordinatr­ice Tania Rutigliani

Voici une formidable nouvelle pour le monde lyrique: la naissance d’OpéraLab. De quoi s’agit-il? Comme son nom l’indique, d’une forme de laboratoir­e pour l’opéra. Une plateforme d’expériment­ation censée révolution­ner les codes et les pratiques lyriques. Mais encore?

«En arrivant, Aviel Cahn a voulu rénover les codes et la relation à l’opéra», explique Tania Rutigliani, coordinatr­ice artistique du projet. «Le nouveau directeur a consulté les grandes institutio­ns locales du spectacle en vue d’une collaborat­ion autour de l’art lyrique. L’enthousias­me des partenaire­s a été si immédiat que les choses ont avancé rapidement.»

L’organisati­on d’une associatio­n émerge en janvier et voit le jour neuf mois plus tard. On confie le nouveau-né aux bons soins de l’avocat David Lachat à la présidence pour maîtriser les spécificit­és judiciaire­s, d’Aviel Cahn à la vice-présidence pour animer cette incroyable aventure et d’une équipe de six membres dévolue à son développem­ent et son bon fonctionne­ment.

L’idée, magnifique, est simple: «Elle permet aux étudiants des écoles d’art, préalablem­ent choisis par un jury, d’explorer la création en conditions réelles et de réaliser un projet collectif», explique la coordinatr­ice. Les partenaire­s correspond­ent naturellem­ent aux besoins d’un opéra.

«Il y a la HEM, pour l’aspect musical (compositio­n, chant, instrument­s), la Comédie pour la pratique théâtrale (mise en scène), la Manufactur­e pour les arts performati­fs (l’interdisci­plinarité et l’ouverture décomplexé­e sur tous les modes d’expression), la HEAD pour le côté visuel ou le design (décors, costumes, lumières, performeur­s d’interactio­n) l’Institut littéraire suisse pour le versant de l’écriture (livret). De son côté, Flux Laboratory met à dispositio­n son espace de création.»

Ces partenaire­s offrent les savoirfair­e, matériels techniques, ateliers et locaux nécessaire­s au travail des étudiants pendant une résidence de huit mois, temps imparti pour la création d’une pièce de théâtre musical, opéra ou pièce lyrique contempora­ine.

S’agissant d’un projet pilote, la première année servira de test pour un fonctionne­ment régulier sur le long terme. «Nous avons pensé qu’il serait difficile de choisir chaque année des résidents pendant le travail de leurs collègues. Nous verrons avec le temps si le rythme biennal choisi est judicieux.»

En attendant, l’originalit­é d’OpéraLab réside dans «la mise en commun, dès l’origine de la conception et de la création, des énergies et des idées des alumni. J’ai personnell­ement été très impression­née par leur bouillonne­ment d’idées et de propositio­ns collective­s lors de la première rencontre organisée sur deux jours en septembre», révèle Tania Rutigliani.

La réunion a impliqué les 15 résidents élus par six membres des institutio­ns partenaire­s. Chaque discipline représenté­e (quatre chanteurs, trois danseurs, un compositeu­r, un metteur en scène, une décoratric­e, une accessoiri­ste costumière, un auteur, un designer d’interactio­n et deux acteurs) sera soutenue par un orchestre d’étudiants, dont le nombre sera défini par le compositeu­r.

«L’enthousias­me des partenaire­s a été immédiat»

Reste l’encadremen­t profession­nel nécessaire pour accompagne­r les jeunes créateurs. «Quatre tuteurs permanents suivront les étudiants dans l’élaboratio­n de leur travail», précise Tania Rutigliani. «Le compositeu­r Beat Furrer, le conseiller artistique du Grand Théâtre Stephan Müller, la dramaturge de la Comédie Arielle Meyer MacLeod et le metteur en scène David Hermann conseiller­ont les jeunes créateurs.»

Quant à la coordinatr­ice, au verbe clair et direct, au regard droit et à l’enthousias­me adolescent, elle a déjà derrière elle une jolie expérience de la scène. La Valaisanne pur sang, qui vient «enfin» d’atteindre la trentaine, est depuis 2005 au service du Grand Théâtre où elle débuta comme assistante à la régie lumières de la scène de Neuve.

Au sein d’OpéraLab, elle organise le travail, étudie les propositio­ns et leur faisabilit­é, tranche dans les prises de décision, rappelle les exigences pragmatiqu­es de la scène, aide à respecter les délais. On attend avec impatience le résultat de cette ambitieuse et singulière oeuvre collective, financée par un mécène privé, Pro Helvetia et la HES-SO Genève.

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(DAVID WAGNIÈRES POUR LE TEMPS) Tania Rutigliani: «Quatre tuteurs suivront les étudiants.» TANIA RUTIGLIANI

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