OpéraLab, une naissance lyrique
Pour révolutionner les codes de l’opéra, une nouvelle plateforme d’expérimentation engage sept institutions, dont le Grand Théâtre, la Comédie, la HEM et la HEAD. Présentation par la coordinatrice Tania Rutigliani
Voici une formidable nouvelle pour le monde lyrique: la naissance d’OpéraLab. De quoi s’agit-il? Comme son nom l’indique, d’une forme de laboratoire pour l’opéra. Une plateforme d’expérimentation censée révolutionner les codes et les pratiques lyriques. Mais encore?
«En arrivant, Aviel Cahn a voulu rénover les codes et la relation à l’opéra», explique Tania Rutigliani, coordinatrice artistique du projet. «Le nouveau directeur a consulté les grandes institutions locales du spectacle en vue d’une collaboration autour de l’art lyrique. L’enthousiasme des partenaires a été si immédiat que les choses ont avancé rapidement.»
L’organisation d’une association émerge en janvier et voit le jour neuf mois plus tard. On confie le nouveau-né aux bons soins de l’avocat David Lachat à la présidence pour maîtriser les spécificités judiciaires, d’Aviel Cahn à la vice-présidence pour animer cette incroyable aventure et d’une équipe de six membres dévolue à son développement et son bon fonctionnement.
L’idée, magnifique, est simple: «Elle permet aux étudiants des écoles d’art, préalablement choisis par un jury, d’explorer la création en conditions réelles et de réaliser un projet collectif», explique la coordinatrice. Les partenaires correspondent naturellement aux besoins d’un opéra.
«Il y a la HEM, pour l’aspect musical (composition, chant, instruments), la Comédie pour la pratique théâtrale (mise en scène), la Manufacture pour les arts performatifs (l’interdisciplinarité et l’ouverture décomplexée sur tous les modes d’expression), la HEAD pour le côté visuel ou le design (décors, costumes, lumières, performeurs d’interaction) l’Institut littéraire suisse pour le versant de l’écriture (livret). De son côté, Flux Laboratory met à disposition son espace de création.»
Ces partenaires offrent les savoirfaire, matériels techniques, ateliers et locaux nécessaires au travail des étudiants pendant une résidence de huit mois, temps imparti pour la création d’une pièce de théâtre musical, opéra ou pièce lyrique contemporaine.
S’agissant d’un projet pilote, la première année servira de test pour un fonctionnement régulier sur le long terme. «Nous avons pensé qu’il serait difficile de choisir chaque année des résidents pendant le travail de leurs collègues. Nous verrons avec le temps si le rythme biennal choisi est judicieux.»
En attendant, l’originalité d’OpéraLab réside dans «la mise en commun, dès l’origine de la conception et de la création, des énergies et des idées des alumni. J’ai personnellement été très impressionnée par leur bouillonnement d’idées et de propositions collectives lors de la première rencontre organisée sur deux jours en septembre», révèle Tania Rutigliani.
La réunion a impliqué les 15 résidents élus par six membres des institutions partenaires. Chaque discipline représentée (quatre chanteurs, trois danseurs, un compositeur, un metteur en scène, une décoratrice, une accessoiriste costumière, un auteur, un designer d’interaction et deux acteurs) sera soutenue par un orchestre d’étudiants, dont le nombre sera défini par le compositeur.
«L’enthousiasme des partenaires a été immédiat»
Reste l’encadrement professionnel nécessaire pour accompagner les jeunes créateurs. «Quatre tuteurs permanents suivront les étudiants dans l’élaboration de leur travail», précise Tania Rutigliani. «Le compositeur Beat Furrer, le conseiller artistique du Grand Théâtre Stephan Müller, la dramaturge de la Comédie Arielle Meyer MacLeod et le metteur en scène David Hermann conseilleront les jeunes créateurs.»
Quant à la coordinatrice, au verbe clair et direct, au regard droit et à l’enthousiasme adolescent, elle a déjà derrière elle une jolie expérience de la scène. La Valaisanne pur sang, qui vient «enfin» d’atteindre la trentaine, est depuis 2005 au service du Grand Théâtre où elle débuta comme assistante à la régie lumières de la scène de Neuve.
Au sein d’OpéraLab, elle organise le travail, étudie les propositions et leur faisabilité, tranche dans les prises de décision, rappelle les exigences pragmatiques de la scène, aide à respecter les délais. On attend avec impatience le résultat de cette ambitieuse et singulière oeuvre collective, financée par un mécène privé, Pro Helvetia et la HES-SO Genève.
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