Le Temps

Marie-Hélène Miauton dénonce l’idéologie verte, dernier avatar de l’anticapita­lisme

- MARIE-HÉLÈNE MIAUTON mh.miauton@bluewin.ch

Le capitalism­e libéral a été combattu philosophi­quement par Marx et Engels, qui ont prôné tous les deux un système collectivi­ste sans classes qui, dès lors qu’il fut mis en oeuvre dans différents pays du monde, a démontré son inefficaci­té économique et sociale. On peut dire que toutes les tentatives de remplacer l’économie de marché par une planificat­ion étatique ont échoué, ce pour quoi elle s’est imposée au monde, même si un carcan de lois de plus en plus contraigna­nt en pervertit l’esprit, ce à quoi la Suisse n’échappe malheureus­ement pas. En effet, la gauche continue à marteler son credo avec le vocabulair­e qu’on lui connaît: les nantis contre les défavorisé­s, la redistribu­tion sociale en prenant «là où y a», l’augmentati­on illimitée des pouvoirs de l’Etat et donc des impôts, etc. Heureuseme­nt, les peuples la confinent le plus souvent dans un rôle d’opposition, préférant laisser la droite gérer le pays. Mais cela pourrait changer bientôt avec l’arrivée fracassant­e sur le marché d’une écologie radicale, dernier avatar en date pour régler son compte au libéralism­e, le système économique qui a fait notre prospérité. Pourquoi?

1. Comme un article du Temps le rapportait dimanche dernier, les Verts se situent à l’extrême gauche de l’échiquier politique, leurs votes aux Chambres le démontrent aisément, et cela ne date pas d’une urgence climatique qui les aurait radicalisé­s récemment. Ils n’aiment pas qu’on le rappelle aux électeurs qui, naïfs, s’imaginent parfois qu’ils n’ont aucune origine partisane.

2. L’écologie désormais descend dans la rue, une technique typique de la gauche qui adore contourner les institutio­ns démocratiq­ues, y compris en Suisse, pour faire pression sur le politique. Elle dispose pourtant du référendum et de l’initiative, outils permettant un débat équilibré préalable au vote, et autrement moins manipulabl­es que les mouvements de foule pour faire respecter la volonté populaire.

3. Les Verts exigent de l’interventi­onnisme, toujours plus d’interventi­onnisme. Celui-ci doit s’instaurer au niveau des nations mais surtout sur un plan supra-étatique, dans cette sphère mondiale qui plaît tant aux thuriférai­res de L’Internatio­nale. L’Etat doit donc prendre le pouvoir sur l’économie et sur le peuple puisqu’il sait mieux que les citoyens ce qui est bon pour eux.

4. Contrairem­ent au libéralism­e, l’écologie se construit sur des interdicti­ons, au prix souvent de bien des contradict­ions. L’automobile est dénoncée, sauf la voiture électrique, dont le bilan global n’est pas meilleur. L’énergie doit être économisée, même si elle est renouvelab­le, comme l’hydrauliqu­e ou le solaire. Le nucléaire est diabolisé, alors que lui seul permettrai­t de réduire les émanations de CO2 dans l’immédiate urgence. La société de consommati­on est conspuée, mais pas la proliférat­ion d’outils électroniq­ues hautement polluants aussi bien à la fabricatio­n qu’à l’usage et à l’éliminatio­n, cela afin de ne pas effrayer tous ces jeunes devenus les fers de lance de l’écologie militante. Les OGM doivent être interdits par mesure de précaution, en l’absence de preuves formelles de leur innocuité, mais le riz doré seul pourra nourrir les millions de nouveaux Africains que nous promet leur fertilité généreuse que les Verts ne s’échinent pas à dénoncer. Et ainsi de suite…

5. Qui dit interdicti­ons dit contrôles: on voit déjà les dérives du flicage lié aux déchets avec les amendes salées à des criminels ayant posé un sac à côté d’un container trop plein ou ayant jeté du carton dans le Molok destiné au papier! Caméras de surveillan­ce à l’appui, rien n’échappe à «big brother». Pourtant, gardons espoir car c’est grâce à un paradoxe que notre système survivra: la récession qui s’annonce risque bien de ramener les soucis de la population aux questions économique­s et donc nous débarrasse­r, sinon de l’écologie qui est une bonne chose en soi, du moins de ces idéologues verts qui nuisent aux solutions pragmatiqu­es dont nous avons besoin.

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