Greta Thunberg devra changer
Jusqu’ici, la Suédoise a surjoué dans le registre émotionnel face aux dirigeants mondiaux. Si ceux-ci ne passent pas assez vite à l’action, elle sera condamnée à innover
«L’effet Greta» ou même «Make America Greta Again»: deux slogans récurrents en ce début d’automne, au moment où le discours de la jeune Suédoise concernant le réchauffement climatique ne fait que s’intensifier. Voyage en bateau jusqu’à New York, prise de parole aux Nations unies et colère envers les grands politiciens au monde, c’est bien cette adolescente qui prend la place d’un certain Donald Trump sur la couverture des plus grands journaux.
L’impact de la révolution de Thunberg est réel, y compris ici à Lausanne: les jeunes et moins jeunes ont compris que le climat doit devenir la priorité. Mais pour beaucoup, la jeune fille commence à en faire un peu trop. Surtout après son passage grandement médiatisé aux Nations unies, pendant lequel elle a démontré ses qualités d’actrice. Larmes aux yeux, voix tremblante et gestes exagérés, le registre émotionnel était au coeur de son discours viral.
Tant mieux pour elle, ces techniques ultra-émotionnelles marchent à la perfection pour l’instant, et la planète tout entière a les yeux rivés sur elle dès qu’elle prend la parole.
Un seul problème: cela ne peut pas durer. Alors que son insouciance et sa jeunesse ont grandement aidé Thunberg à se faire remarquer au début de sa bataille contre le changement climatique, l’accent qu’elle a ensuite mis sur son attachement émotionnel envers cette cause va très rapidement perdre toute crédibilité. Il faut que les dirigeants mondiaux se lient à elle et qu’ils passent à l’action, non seulement en commençant à instaurer de nouvelles lois concernant le réchauffement climatique, mais aussi en mettant en exergue les messages d’unité mondiale que Thunberg ne fait que présenter partout où elle va. Si le travail qu’elle entreprend depuis des mois ne porte pas ses fruits, il faudra qu’elle trouve une autre façon de convaincre le grand public. Sinon, «l’effet Greta» deviendra rapidement une notion démodée.
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Tom Secheyron, 17 ans: «Je suis élève à l’Ecole internationale de Lausanne. Je fais beaucoup de course à pied.»