Et si on profitait de l’heure d’hiver pour s’essayer au sexe en douceur?
Welcome to hell. Chaque année, c’est pareil. Non seulement, le premier lundi qui suit le retour de l’heure d’hiver, la nuit tombe peu après le goûter, mais en plus, la pluie transforme ce jour déjà compliqué en punition damnée. Vous avez bien dansé pendant l’été indien? Vous allez payer et pleurer jusqu’au printemps prochain! Seule consolation entendue dans le train et qui procure un soulagement très relatif: mieux vaut frissonner en Suisse que griller en Californie (où, donc, se déchaînent les feux de forêt).
Lundi, j’en étais là de ma morosité, lorsque j’ai rencontré une amie qui ne frissonnait pas de froid, elle, mais de plaisir. «Pour moi, l’automne annonce le retour du sexe doux. Le sensate focus, tu connais?» Honte à moi, je ne connaissais pas. Et pourtant, j’ai regardé les deux premières saisons de Masters of Sex, cette série inspirée de la vie de William Masters et Virginia Johnson, deux stars de la sexologie américaine des années 1960, mais cette invention de leur cru m’a échappé. Petit cours de rattrapage pour les lecteurs qui, comme moi, sont passés à côté de ce sexe par pression des mains pour éviter la pression psychologique.
Mise au point pour soigner les troubles comme l’éjaculation précoce, la dysfonction érectile, la baisse de désir, le vaginisme et autres joyeusetés liées à la sexualité contrariée, le sensate focus est une thérapie qui interdit au couple la pénétration pendant plusieurs semaines et l’invite à remplacer cet assaut classique (et très solaire, vous en conviendrez) par de longues séances de massages en pleine conscience et en silence. D’abord chastes, puis de plus en plus coquins.
Le détail qui compte? Avant chaque séance, le couple se déshabille mutuellement et prend une douche commune durant laquelle le masseur du jour nettoie l’autre en étant bien attentif aux sensations nées de ces ablutions. Ensuite, avec la même attention, il masse son partenaire, qui est couché sur le ventre, d’abord en évitant les zones sexuelles durant la première semaine, puis en recommençant à les explorer petit à petit avec un soin constant de ce qui plaît à chacun.
«Tout est fait pour relâcher la pression en matière de performances, explique mon amie. En se redécouvrant l’un l’autre sans cette injonction absolue à jouir, on gagne en profondeur et en confiance. Et quand, au bout de quatre semaines, on reprend la pénétration, je ne te dis pas l’intensité!» Je peux imaginer.
Et je crois que mon programme de novembre, mois tant redouté, est tout trouvé.
«De longues séances de massages en silence. D’abord chastes, puis de plus en plus coquins»