Credit Suisse, un trimestre pour passer à autre chose
La banque a présenté des résultats en forte hausse, mercredi. Une progression qui illustre les efforts entrepris depuis 2015, a souligné Tidjane Thiam. Le grand patron a aussi rapidement écarté les questions sur l’affaire Iqbal Khan
Tidjane Thiam devait s’y attendre. Les questions, lors de la conférence de presse mercredi matin sur les résultats de Credit Suisse au troisième trimestre, ont essentiellement tourné autour de son rôle dans l’affaire de la filature ratée d’Iqbal Khan. Absent lors de la présentation des conclusions de l’enquête interne, le 1er octobre dernier, le directeur général de la banque s’est exprimé publiquement à ce sujet pour la première fois. Il a affirmé qu’il n’était pas au courant de la surveillance de l’ancien directeur de la gestion de fortune de la banque, désormais employé par UBS.
Des performances au-delà des attentes
«Les responsables de cette surveillance pensaient agir pour le bien de l’entreprise», a-t-il souligné, excluant toute démission de sa part. Deux hauts cadres, Pierre-Olivier Bouée, directeur des opérations, et Remo Boccali, le chef de la sécurité, ont quitté la banque suite à cette affaire. Tidjane Thiam a également remercié les employés de la banque et les clients pour leur fidélité et leur confiance. Préférant se concentrer sur les performances de Credit Suisse, Tidjane Thiam a rappelé que des investigations étaient encore en cours et qu’il ne souhaitait pas faire plus de commentaires.
«Ce trimestre a été un bon trimestre pour nous», s’est donc ensuite félicité le directeur général, faisant valoir des résultats obtenus dans un «contexte difficile». «Il y a eu une accélération de la baisse des taux d’intérêt en Suisse et aux Etats-Unis au troisième trimestre», a-t-il précisé. Une baisse que la banque prévoit de compenser en répercutant les taux négatifs sur certains clients. Le 18 octobre, elle a annoncé qu’elle appliquerait un taux de -0,75% sur les dépôts supérieurs à 2 millions de francs, pour les entreprises et les particuliers.
Ce contexte n’empêche pas Credit Suisse d’afficher un résultat avant impôts de 1,14 milliard de francs, soit un bond de 70% par rapport à la même période de l’année dernière. Le bénéfice net du deuxième établissement bancaire helvétique s’est établi à 881 millions de francs,
«En 2015, Credit Suisse était considérée comme une des trois banques les plus risquées. Nous avons réduit ce risque de manière significative»
TIDJANE THIAM, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CREDIT SUISSE
soit une hausse de 108% par rapport à la même période de 2018.
Toutefois, certains de ces chiffres sont soutenus par la vente de la plateforme d’investissement Investlab pour 327 millions de francs à l’espagnol Allfunds. Une cession qui a notamment profité à la division Asie/Pacifique qui, sans les 98 millions de francs apportés par la vente, aurait présenté un bénéfice avant impôts en baisse de 15%. Des résultats mitigés pour une division jugée prioritaire.
Les fruits de la restructuration
S’il ne s’agit que d’un bilan trimestriel, pour le directeur général, ces résultats illustrent les bénéfices des efforts de restructuration entrepris depuis quatre ans. D’ailleurs, la banque met aussi en avant un afflux net de nouveaux capitaux à hauteur de 72 milliards de francs pour les neuf premiers mois de l’année.
«Quand nous avons commencé en 2015, Credit Suisse était considérée comme une des trois banques les plus risquées au niveau mondial, rappelle Tidjane Thiam. Nous avons réduit ce risque de manière significative.» La division Global Market, qui a fait l’objet d’une attention particulière pendant la réorganisation, a réalisé une performance dépassant les attentes des analystes. Son bénéfice opérationnel s’est élevé à 269 millions de francs, soit le double des prévisions, selon l’agence Bloomberg.
Autre signe positif de la restructuration, Credit Suisse a également reversé 1,4 milliard de francs de fonds propres à ses actionnaires, sous la forme de versement de dividende et de rachat d’actions à hauteur chacun de 695 millions de francs.
La banque se montre tout de même prudente et s’attend à un ralentissement saisonnier, pour les trois derniers mois de l’année. C’est cette prévision qui a refroidi les investisseurs, mercredi, et fait reculer le titre de la banque de 2,6% à la bourse suisse.
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