L’Entente se cherche mais ne se trouve plus
Après la défaite des candidats PLR et PDC au Conseil des Etats, l’heure est à la remise en question de l’alliance. Au sein des deux partis, des courants contraires s’affrontent, alors que les élections municipales se profilent
Survivra, survivra pas? Après le coup de semonce de dimanche aux élections fédérales, l’Entente genevoise bat sérieusement de l’aile. L’heure est à la remise en question. Alors que le PLR règle ses comptes sur le thème «c’est la faute de Maudet», des courants contraires s’affrontent au PDC. Pour Béatrice Hirsch, candidate malheureuse, l’Entente a vécu. Des propos que nuance le président du parti, Vincent Maitre, pour qui «il ne faut pas tirer de conclusions hâtives après des élections qui se sont mal passées pour tous les partis gouvernementaux». Etat des lieux.
Survivra, survivra pas? Après le coup de semonce de dimanche aux élections fédérales, l’Entente genevoise est en petite forme. Alors que le PLR, sonné et divisé, règle ses comptes sur le thème «c’est la faute de Maudet» – avec des paroles fortes du conseiller national et vice-président du PLR Suisse Christian Lüscher, appelant l’élu à démissionner du parti –, la candidate PDC malheureuse, Béatrice Hirsch, affirmait la première que l’Entente a vécu.
Des propos qu’elle maintient aujourd’hui: «Exception faite des élections municipales qui tiennent compte des spécificités locales, on ne peut pas continuer ainsi. La logique veut qu’on crée un centre. Pour les libéraux, la gauche est honnie, alors que pour nous, c’est le contraire. J’ai plus de proximité avec les Verts genevois qu’avec une droite dure.» C’est dit.
Des propos partagés par le parti dans son ensemble? Pas si sûr. Pour son président, Vincent Maitre, il est prématuré de piétiner une alliance qui n’a pas démérité: «Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives après des élections qui se sont mal passées pour tous les partis gouvernementaux. Il s’agit d’abord de faire notre autocritique en évitant de désigner des coupables de circonstance.» Aussi veut-il s’en remettre à sa base, en lançant en début d’année prochaine des assises de son parti, dont il espère qu’émergera un projet politique pour l’avenir et, partant, le destin de l’alliance. Vaste programme. Mais quoi qu’il advienne, la décision ne devra pas impacter les élections municipales, où compte avant tout l’autonomie des sections, prévient-il. Dans certaines communes, l’alliance est de mise, dans d’autres, les deux partis gardent leurs fiefs.
Manifestement, la religion du PDC concernant l’Entente n’est pas faite. Ce n’est pas nouveau, puisque au printemps dernier la présidence, moins prudente qu’aujourd’hui, avait évoqué des velléités de divorce, aussitôt refusées par l’assemblée générale. Blessée sans doute d’avoir été lâchée par certains dans l’entredeux-tours – les Jeunes libéraux et UDC ont en effet appelé la droite à s’unir, excluant la PDC –, Béatrice Hirsch remet donc la question sur le tapis de manière tranchée. Mais son point de vue est aussi affaire de profil: la candidate malheureuse représente l’aile gauche de son parti. Or le PDC genevois est déjà notoirement plus à gauche que ses pairs romands – il suffit, pour s’en convaincre, de constater le nombre de votes au Grand Conseil, où le parti a suivi les écologistes, se mettant parfois en porte-à-faux avec ses électeurs agriculteurs par exemple. Pour la petite histoire, la candidature de Béatrice Hirsch avait aussi pour objectif de faire barrage à l’ancien conseiller d’Etat Luc Barthassat, qui se sentait appelé pour cette mission – le scénario cauchemar de sa formation.
Aux yeux du PLR, si l’Entente vacille, c’est que le PDC se cherche: «L’Entente repose sur la question cruciale du positionnement des partis, estime Bertrand Reich, président du PLR. Si nous formons une droite assumée, où le PDC veut-il se situer? Au centre droit sur le modèle fédéral, ou plus à gauche, comme on le voit au niveau cantonal où il est en phase avec les Verts? L’Entente, si elle vise à renforcer la présence de la droite dans les élections proportionnelles, est aussi affaire de convergences.» Le président du PLR n’a jamais caché son opposition à un rapprochement avec l’UDC, faute de socle idéologique suffisant, comme sur l’accord-cadre. Mais on sent qu’une Entente à géométrie variable fait son chemin. Car au sein du parti bourgeois aussi, le sujet divise. Au soir du premier tour, l’UDC avait fait un appel du pied au PLR, mais celui-ci réclamait le retrait de Céline Amaudruz, sur le modèle vaudois: «Olivier Français est un sortant, ce qui change la donne, note cette dernière. Pour envisager de se retirer au second tour, il aurait fallu élaborer un scénario avant le premier.» Pour autant, elle laisse la porte ouverte aux discussions futures.
Auront-elles raison de l’Entente, cette vieille dame qui aura connu des saisons diverses? Dans les années 60, elle était dominée par le puissant Parti radical. Lorsque celui-ci s’est affaissé, elle s’est recomposée en trois forces égales. Pour finir, après la fusion des libéraux et des radicaux, avec un bloc fort, le PLR, et un plus modeste, le PDC. Une union qui apparaît désormais fragile, «de par son changement de nature et par la perte d’implantation populaire du PLR, influencée par son aile droite, plus déterminée sur les principes que sur le pragmatisme». Une petite estafilade de l’ancien conseiller d’Etat radical Guy-Olivier Segond, observant les convulsions d’une droite affaiblie. Elle sait devoir trouver un remède avant les élections municipales, au printemps prochain.
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La religion du PDC sur l’Entente n’est pas faite