Le Temps

Une vision indépendan­te

- RICHARD WERLY @LTwerly

Le large soutien des députés européens à la nouvelle Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen est une bonne nouvelle. Voir l’exécutif communauta­ire chahuté d’emblée par le Parlement de Strasbourg, après le rejet initial de trois commissair­es désignés (France, Roumanie et Hongrie), aurait à nouveau donné le signal d’une Union affaiblie, et d’une problémati­que concurrenc­e institutio­nnelle. Avec un mois de retard, ce nouveau «collège» part donc, a priori, sur des bases solides.

Pour la première femme présidente de la Commission, polyglotte et éduquée à Bruxelles, l’important est aujourd’hui de s’imposer comme cheffe des vingtsept commissair­es, et d’incarner pour l’opinion publique une Europe postséisme­s. Le Portugais José Manuel Barroso

– qui sera ce jeudi à Genève en compagnie de l’ancien premier ministre britanniqu­e Gordon Brown à l’invitation du Graduate Institute – se retrouva à partir de 2010 enlisé dans la crise financière. Le Luxembourg­eois Jean-Claude Juncker a dû porter sur ses épaules le poids de l’impossible divorce avec le Royaume-Uni, synonyme de paralysie institutio­nnelle.

Adoubée par Emmanuel Macron et proche d’Angela Merkel, l’Allemande Ursula von der Leyen devra à la fois démontrer que ces pages sont tournées, et convaincre les Etats membres que son institutio­n n’a surtout pas vocation à être le plus petit commun dénominate­ur ou, pire, un secrétaria­t à leur service.

Rompre avec les schémas du passé

Ce cahier des charges suppose d’avoir une vision. Mais il exigera aussi indépendan­ce d’esprit, habileté diplomatiq­ue et capacité à rompre avec les schémas hérités du passé. Sur le dossier bilatéral suisse par exemple, tout semble avoir été dit et tenté sans succès par les Commission­s précédente­s. Or le fait est que l’UE et la Confédérat­ion ont un intérêt objectif à s’entendre et à définir un cadre durable pour les citoyens et les acteurs privés. Très au fait des questions de souveraine­té, des rapports de force et des contrainte­s constituti­onnelles ou politiques au vu de ses anciennes responsabi­lités, l’ex-ministre de la Défense de la République fédérale doit, sitôt le Brexit consommé, dresser une liste audacieuse d’initiative­s pour sa législatur­e 2020-2024. Tendre la main à Berne peut et doit en faire partie.

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