Une vision indépendante
Le large soutien des députés européens à la nouvelle Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen est une bonne nouvelle. Voir l’exécutif communautaire chahuté d’emblée par le Parlement de Strasbourg, après le rejet initial de trois commissaires désignés (France, Roumanie et Hongrie), aurait à nouveau donné le signal d’une Union affaiblie, et d’une problématique concurrence institutionnelle. Avec un mois de retard, ce nouveau «collège» part donc, a priori, sur des bases solides.
Pour la première femme présidente de la Commission, polyglotte et éduquée à Bruxelles, l’important est aujourd’hui de s’imposer comme cheffe des vingtsept commissaires, et d’incarner pour l’opinion publique une Europe postséismes. Le Portugais José Manuel Barroso
– qui sera ce jeudi à Genève en compagnie de l’ancien premier ministre britannique Gordon Brown à l’invitation du Graduate Institute – se retrouva à partir de 2010 enlisé dans la crise financière. Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a dû porter sur ses épaules le poids de l’impossible divorce avec le Royaume-Uni, synonyme de paralysie institutionnelle.
Adoubée par Emmanuel Macron et proche d’Angela Merkel, l’Allemande Ursula von der Leyen devra à la fois démontrer que ces pages sont tournées, et convaincre les Etats membres que son institution n’a surtout pas vocation à être le plus petit commun dénominateur ou, pire, un secrétariat à leur service.
Rompre avec les schémas du passé
Ce cahier des charges suppose d’avoir une vision. Mais il exigera aussi indépendance d’esprit, habileté diplomatique et capacité à rompre avec les schémas hérités du passé. Sur le dossier bilatéral suisse par exemple, tout semble avoir été dit et tenté sans succès par les Commissions précédentes. Or le fait est que l’UE et la Confédération ont un intérêt objectif à s’entendre et à définir un cadre durable pour les citoyens et les acteurs privés. Très au fait des questions de souveraineté, des rapports de force et des contraintes constitutionnelles ou politiques au vu de ses anciennes responsabilités, l’ex-ministre de la Défense de la République fédérale doit, sitôt le Brexit consommé, dresser une liste audacieuse d’initiatives pour sa législature 2020-2024. Tendre la main à Berne peut et doit en faire partie.
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