A Bruxelles, l’étonnant retour de David O’Sullivan
EUROPE L’ancien secrétaire général irlandais de la Commission européenne, ex-interlocuteur de la Suisse, vient d’être recruté à Bruxelles par le cabinet d’avocats Steptoe & Johnson, bien connu des clients helvétiques
A Berne, l’administration fédérale pourrait bien le revoir, indirectement, s’affairer sur les délicates questions de la relation bilatérale Suisse-UE. Agé de 66 ans, l’ancien secrétaire général de la Commission européenne David O’Sullivan vient de rejoindre à plein-temps le cabinet d’avocats Steptoe & Johnson, dont l’avocat suisse Jean Russotto est l’un des associés. Il y exercera les fonctions de «conseiller spécial», chargé des questions de stratégie dans le grand bouleversement communautaire attendu après l’entrée en vigueur du Brexit, et dans le contexte de fortes tensions commerciales avec les Etats-Unis. Ce haut fonctionnaire irlandais, parfaitement francophone, a terminé sa carrière comme ambassadeur de l’Union européenne à Washington, après avoir mis sur pied le tout nouveau Service européen d’action extérieure en 2009-2010.
Fine connaissance des dossiers
Pour le cabinet Steptoe & Johnson, qui défend entre autres à Bruxelles les intérêts de clients comme l’Association suisse des banquiers ou Syngenta, ce recrutement de très haut niveau complète l’expertise juridique: «David O’Sullivan sera évidemment tenu par des règles strictes de confidentialité qui lui sont imposées sur les sujets dont il fut ces dernières années responsable au sein de l’administration communautaire, détaille Jean Russotto, par ailleurs chroniqueur au Temps. Sa force, compte tenu de sa fine connaissance des dossiers, sera de nous aider à proposer à nos clients les bonnes options dans cette phase compliquée et décisive pour l’Union.» Pas question, en revanche, de lobbying: «Il ne se promènera pas dans les couloirs de la Commission en notre nom, poursuit l’avocat, présent à Bruxelles depuis plus de trente ans. Notre ambition est d’offrir, grâce à son expertise, une vision complémentaire de nos analyses, recommandations et stratégies juridiques.»
Pour les entreprises suisses actives sur le marché intérieur européen, David O’Sullivan pourrait s’avérer un interlocuteur privilégié sur les implications pratiques d’un potentiel accord-cadre entre la Confédération et l’UE. Coïncidence: son arrivée au cabinet Steptoe intervient la même semaine que l’investiture de la nouvelle Commission européenne présidée par l’Allemande Ursula von Der Leyen, et alors que les membres de la délégation du Parlement européen pour la Suisse, et ceux de la délégation pour les relations avec l’AELE viennent de se rencontrer mercredi à Strasbourg.
En 2014, juste après l’approbation par le peuple de l’initiative «Contre l’immigration de masse», contraire aux principes de libre circulation dans l’espace Schengen, David O’Sullivan avait été l’interlocuteur principal du secrétaire d’Etat Yves Rossier, chargé des questions européennes au Département fédéral des affaires étrangères. Sa fine connaissance des dossiers irlandais et britanniques, en plein séisme du Brexit, lui permettra aussi d’éclairer les milieux d’affaires helvétiques sur les changements à venir. Et les meilleurs moyens de s’y préparer.
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