BAT s’immisce dans le débat sur l’e-cigarette
TABAC Face à la multiplication de lésions des poumons liées à l’usage de certains liquides de vapotage, les ventes d’e-cigarettes baissent. BAT tente de rassurer l’opinion publique
L’industrie du tabac entend peser dans le débat autour de la cigarette électronique. Mercredi à Zurich, British American Tobacco (BAT) conviait la presse pour «clarifier la situation», selon les mots du patron pour la Suisse, Mads Larsen. Avec comme invités un professeur autrichien, Bernd Mayer, venu exposer les bénéfices de l’e-cigarette, ainsi que deux parlementaires: le Vert’libéral Martin Bäumle et Lilian Studer, du Parti évangélique.
BAT a fait son entrée en 2013 sur ce marché avec son produit Vype. Face à la baisse des ventes de la cigarette traditionnelle, l’industrie du tabac mise sur ce segment pour se renouveler: le groupe indique avoir investi à ce jour plus de 2,5 milliards de livres sterling (3,2 milliards de francs) pour développer ses «produits à risque potentiellement réduit», qui comprennent notamment les produits à base de tabac chauffé et la cigarette électronique.
Or, le contexte est tout sauf favorable, alors que la nocivité de l’e-cigarette fait débat et que se multiplient les cas de «maladie des poumons» liés à l’usage de certains liquides de vapotage. A ce jour, on recense 2290 cas de lésions des poumons et 47 morts, surtout aux EtatsUnis. Les conséquences s’en ressentent en Suisse: le volume des ventes d’e-cigarette a baissé de 30%, déplore BAT. Après Philip Morris, le groupe tente à son tour de rassurer l’opinion publique.
Le professeur Bernd Mayer a notamment expliqué que les lésions pulmonaires n’étaient pas dues à l’e-cigarette, qui ne présente «pas de dommages», mais à un mauvais usage de liquides contenant du THC, auxquels ont été ajoutés de l’acétate de vitamine E, interdite dans les produits fabriqués en Europe.
Directeur d’Addiction Suisse, Grégoire Vittoz se montre critique face au travail d’équilibriste d’une industrie du tabac qui se présente comme un acteur de la prévention, tout en continuant à tirer l’essentiel de ses revenus de la vente de cigarettes traditionnelles: «Les cas de lésions pulmonaires démontrent la nécessité d’établir des standards de qualité pour les nouveaux produits dérivés de la nicotine. L’industrie du tabac peut faire partie de la solution. Mais son modèle d’affaires n’est pas compatible avec les besoins de la prévention. Les producteurs chercheront toujours à gagner une nouvelle clientèle, si possible jeune.»
En ligne de mire: la future loi sur le tabac, toujours en discussion aux Chambres et qui doit être votée d’ici à fin 2020. Les acteurs de l’industrie du tabac espèrent que le parlement fera la distinction entre anciens et nouveaux produits, et qu’il permette des règles plus souples pour la publicité autour de ces derniers.
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