En Irak, répression et démission
Le premier ministre Adel Abdel Mahdi va quitter son poste. Les violences ont fait 16 morts hier
Le premier ministre irakien a annoncé vendredi qu’il allait démissionner, comme l’a réclamé le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique dans le pays. Les violences, qui ont fait 16 morts, n’ont pas cessé pour autant.
Adel Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ni populaire, a cédé vendredi, après deux mois d’une contestation contre le pouvoir et son parrain iranien, marquée par près de 420 morts à Bagdad et dans le sud chiite.
Peu avant, le plus haut dignitaire chiite du pays avait appelé le parlement à retirer sa confiance au gouvernement pour éviter le «chaos» et plus de morts, rejoignant les manifestants qui réclament depuis le 1er octobre «la chute du régime».
Spirale de violences
Ce soutien de poids et l’agitation politique qu’il a aussitôt suscitée n’ont toutefois pas pu arrêter la spirale des violences qui se poursuit dans le sud agricole et tribal, où le chaos menace depuis que des combattants tribaux se sont montrés armés pour protéger les manifestants à Nassiriya et alors que des hommes en civil ont ouvert le feu sur la foule à Najaf.
Vendredi, la police a encore tué 15 manifestants à Nassiriya, à feu et à sang depuis jeudi, et un seizième a été abattu par des tirs d’hommes en civil devant le siège d’un parti à Najaf, ont rapporté des témoins et des médecins.
Le sud de l’Irak s’était embrasé jeudi avec une répression menée par des commandants militaires dépêchés par Bagdad peu après l’incendie au cri de «Iran dehors» du consulat iranien dans la ville sainte chiite de Najaf. Le haut gradé envoyé à Nassiriya a toutefois été limogé jeudi après la mort de 28 manifestants en quelques heures sous les tirs nourris des forces de l’ordre.
Au total jeudi, 46 manifestants ont été tués et près d’un millier blessés, selon les médecins. «Le nombre croissant de morts et de blessés est intolérable», a dénoncé l’ONU.
Sur Tahrir, épicentre de la contestation dans la capitale, et aux abords de la place toutefois, l’annonce d’Adel Abdel Mahdi a créé un répit joyeux. Les jeunes manifestants ont abandonné les pierres qu’ils jetaient sur les forces de l’ordre pour se mettre à danser après l’annonce par Adel Abdel Mahdi de son intention de démissionner.
En Irak, l’un des pays les plus riches en pétrole du monde, un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et les infrastructures sont déliquescentes et jamais rénovées alors qu’en seize ans, l’équivalent de deux fois le PIB s’est évaporé dans les poches de politiciens et d’entrepreneurs véreux.