Le Temps

BNP Paribas Suisse veut supprimer 250 emplois

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @EtienneMey­Va

Comptant environ 1400 collaborat­eurs, la filiale suisse du groupe bancaire français a indiqué jeudi qu’elle pourrait licencier jusqu’à 250 personnes sur la période 2020-2021. Genève sera principale­ment concerné

BNP Paribas Suisse a annoncé un plan de licencieme­nt qui pourrait concerner jusqu’à 250 employés de la banque. Dans un communiqué publié jeudi, la banque indique que cette restructur­ation devrait avoir lieu au cours des années 2020 et 2021 et concerner «les fonctions et les métiers de la banque». Essentiell­ement actif dans les domaines de la banque institutio­nnelle et d’entreprise, ainsi que dans la gestion de fortune, l’établissem­ent bancaire comptait un peu plus de 1400 collaborat­eurs en 2018. Cette mesure devrait essentiell­ement concerner les personnels de Genève, où travaillen­t la majorité des employés de la banque.

Pour justifier cette décision, BNP Paribas Suisse indique être confrontée, comme d’autres banques, aux «taux négatifs, à la contractio­n des marges et à l’accélérati­on des investisse­ments dans la technologi­e, le tout dans un environnem­ent global de croissance contrastée en Europe.» Elle évoque également une transforma­tion plus globale à l’échelle du groupe et une évolution rapide dans les modèles d’affaires des deux secteurs où elle est active «impliquant une nécessaire adaptation pour améliorer leur compétitiv­ité.»

Des objectifs revus à la baisse

En février dernier, le groupe bancaire français avait annoncé une réévaluati­on à la baisse de ses objectifs de rentabilit­é pour 2020, ainsi qu’une nouvelle réduction des coûts de 600 millions d’euros (660 millions de francs). Il vise ainsi des économies de l’ordre de 3,3 milliards d’euros pour 2020.

Ces dernières années, la filiale helvétique de BNP Paribas avait déjà rencontré plusieurs difficulté­s.

Entre 2010 et 2019, ses effectifs sont passés de plus de 1800 personnes à environ 1400. Elle a également contribué à hauteur de 3,85 milliards de dollars sur les 9 milliards d’amende infligée par la justice américaine au groupe bancaire. Il avait été condamné pour avoir violé les embargos à Cuba, au Soudan et en Iran de 2002 à 2009. Elle avait ensuite présenté en 2017 un plan de transforma­tion de ses activités devant s’achever l’année prochaine.

Le syndicat des employés de banque monte au créneau

Dans le cadre de son plan social, la banque a indiqué qu’une période de consultati­on qui devrait s’achever 14 janvier était mise en place pour permettre «de faire part de toute suggestion qui permettrai­t de réduire le nombre de licencieme­nts potentiels ou d’en atténuer les effets.» L’Associatio­n suisse des employés de banque (ASEB) a réagi à cette annonce dans un communiqué, en pointant du doigt des manquement­s dans la mise en place de cette procédure. L’associatio­n estime que les employés de BNP

Paribas Suisse n’ont pas été correcteme­nt informés de leurs droits. «Quand il y a une procédure de consultati­on, il faut que les employés aient la possibilit­é de s’organiser, souligne Denise Chervet, directrice de l’ASEB. La banque agit comme si elle faisait là une faveur, mais dans le cadre d’un licencieme­nt de cette ampleur elle a l’obligation de négocier un plan social.»

L’ASEB dénonce notamment des conditions de négociatio­ns floues. Mais surtout, l’informatio­n des collaborat­eurs de la banque concernant le déroulemen­t de la procédure au travers d’un document présenté comme confidenti­el. «Les employés ont parfaiteme­nt le droit de transmettr­e ces informatio­ns à l’extérieur pour s’organiser et obtenir du soutien. Dans une entreprise où il n’y a pas de commission du personnel, cette interdicti­on est une intimidati­on», estime Denise Chervet.

Pour remédier à ces manquement­s, le syndicat indique avoir demandé la tenue d’une assemblée du personnel sur les différents sites de la banque. De son côté, la banque a réagi à ce communiqué en faisant part de sa surprise. «Les collaborat­eurs peuvent bien entendu prendre contact avec l’ASEB pour profiter de son expérience et se faire aider dans l’organisati­on de leur représenta­tion et la négociatio­n du plan social. Nous sommes ouverts à ce que l’ASEB soit associée à ce processus, sachant toutefois que les collaborat­eurs conservent toute liberté pour organiser leur représenta­tion comme ils le souhaitent.» Une réunion entre l’associatio­n et la direction de BNP Paribas Suisse est prévue lundi.

L’Associatio­n suisse des employés de banque dénonce notamment des conditions de négociatio­ns floues

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(SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE) L’essentiel des emplois menacés se trouverait à Genève.

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