Le Temps

Des règles plus strictes pour les lobbyistes

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Premier revirement: le Conseil national accepte de réglemente­r les conditions d’accès des lobbyistes au parlement. En juin, dans son ancienne compositio­n, il avait dit non

La transparen­ce de la vie politique sera l’un des enjeux de la nouvelle législatur­e. Le lobbyisme en fait partie. Un parlement plus jeune, plus féminin sera sans doute plus sensible à cette question que l’ancien parlement, qui était dominé au Conseil national par l’UDC et le PLR. Un premier pas a été franchi dès le premier jour de la première séance de la 51e législatur­e. Lundi soir, le Conseil national a accepté par 107 voix contre 66 (et 4 abstention­s) d’entrer en matière sur le projet de loi du Conseil des Etats qui vise à apporter un peu plus de clarté dans le jeu des influences extérieure­s.

En juin dernier, par 103 voix contre 72, il avait rejeté ce projet de loi, proposé en 2015 par l’ancien conseiller aux Etats Didier Berberat (PS/NE), accepté à deux reprises par la Chambre des cantons et soutenu par l’associatio­n faîtière des lobbyistes, la SSPA. Ce changement de position est dû à la nouvelle typologie du Conseil national mais aussi au revirement d’une partie des élus libéraux-radicaux. «Une majorité de notre groupe estime désormais qu’il vaut la peine de parler ouvertemen­t de ce projet», résume Matthias Jauslin (PLR/AG). «Nous pouvons dès ce soir montrer notre volonté d’instaurer une plus grande transparen­ce», ajoute-t-il, s’adressant aux nouveaux élus.

Noms des clients et registre public

La solution imaginée par le Conseil des Etats n’est peut-être pas la plus aboutie. Elle exige des députés qui distribuen­t des badges d’accès – chacun a le droit d’en donner deux – qu’ils disent s’il s’agit de membres de leur famille, de collaborat­eurs personnels ou de représenta­nts d’intérêts. Ces derniers seront invités à préciser leurs mandats et les noms de leurs clients. Ces informatio­ns seraient consignées dans un registre public. «Cela vise en particulie­r les lobbyistes qui travaillen­t dans des agences et dont on ne sait pas toujours qui sont leurs mandants», reprend Matthias Jauslin.

Les adversaire­s de cette réglementa­tion invoquent le fait qu’un lobbyiste n’a pas besoin d’accéder au Palais fédéral pour faire son travail. «Il peut rencontrer les parlementa­ires à l’extérieur», insiste Michaël Buffat (UDC/VD). «C’est un exercice alibi, sans effet», complète Marco Romano (PDC/TI). Le Conseil national étant entré en matière, sa Commission des institutio­ns politiques a désormais la possibilit­é de discuter des détails de cette réglementa­tion et, le cas échéant, de l’améliorer.

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