Le Temps

Une cure d’amaigrisse­ment pour remettre le PLR en forme

- LAURE LUGON ZUGRAVU @LaureLugon

Les Jeunes libéraux-radicaux veulent une réforme interne du PLR. Ils souhaitent notamment une réduction significat­ive du nombre de personnes siégeant au comité directeur, dans l’espoir de davantage de discipline

Comment redonner de l’allant au PLR genevois, qui a du plomb dans l’aile? Les Jeunes libéraux-radicaux genevois croient le savoir. Ils veulent lancer une réforme interne au parti bourgeois, un genre de cure d’amaigrisse­ment des structures décisionne­lles, qu’ils proposeron­t lors de l’assemblée générale en mai prochain.

Thomas Juch, président des Jeunes, n’y va pas par quatre chemins: «Le PLR est aujourd’hui incapable de gérer des crises ou de mener une campagne qui débouche sur le succès.» Forts de ce constat, les cadets du parti bourgeois proposent comme première mesure de réduire significat­ivement le nombre de personnes siégeant au comité directeur, sur les modèles d’Argovie ou de BâleVille: «Aujourd’hui, plus de 30 personnes y siègent, et c’est trop, avance Thomas Juch. Il en faudrait environ sept. Ce comité directeur peine à dégager des majorités, il y a trop d’électrons libres en son sein, il est incapable aussi d’avoir des débats sains et limités dans le temps, malgré un président rassembleu­r. De ce fait, il y a des fuites préjudicia­bles au parti.»

Le jeune président en veut pour preuve la manière dont le parti a géré l’affaire Maudet: «Pendant une semaine, la direction du parti a changé trois fois d’avis, pour déboucher finalement sur une assemblée générale.» Il en déduit que les structures ne permettent pas une direction forte et efficace. Et pas la peine de lui opposer que l’affaire, de par son ampleur et sa gravité, était sans doute de nature à mettre à mal n’importe quelle autre organisati­on de parti: «Aujourd’hui c’est l’affaire Maudet, demain ce sera autre chose, répond-il. Ce qui importe, c’est d’éviter la théâtralis­ation qui démobilise l’électorat, comme on l’a vu.»

Deuxième mesure que proposent les cadets des bourgeois: faire élire les vice-présidents par l’assemblée générale, et dans un nombre limité: «Ce qui est grave à Genève, c’est que les vice-présidents sont élus sur propositio­n du président. C’est un genre de cooptation qui ne leur donne ni visibilité, ni légitimité», estime Thomas Juch, qui résume ainsi sa préférence pour une ossature solide à une souplesse créative: «Le PLR n’a pas besoin d’un forum, mais d’une structure décisionne­lle. Il n’y a pas chez nous suffisamme­nt de respect de la chaîne de commandeme­nt.»

Face à ce ton martial et à ce goût avoué pour la discipline, l’architectu­re mentale du président du PLR genevois, Bertrand Reich, n’en paraît que plus subtile: «Une organisati­on militaire avec des ordres venant d’en haut et exécutés en bas ne fonctionne pas. Le PLR est un lieu de débat, les ronchonnem­ents et les coups de gueule n’empêchent pas une immense discipline, au fond.» Sur la question des vice-présidents, il estime que «la tâche d’un président n’amenant pas du bonheur tous les jours, il vaut mieux qu’il puisse se prononcer sur ceux qui partageron­t ce bonheur. De toute manière, l’assemblée générale a le dernier mot. Mais on ne fait pas une réforme institutio­nnelle au prétexte que certaines personnes ne conviendra­ient pas.»

Y aurait-il en effet une volonté de dégagisme derrière la réforme souhaitée par les jeunes bourgeois, encouragés par les succès au Conseil des Etats de Johanna Gapany à Fribourg ou au Conseil national d’Andri Silberschm­idt à Zurich? «Il y a au PLR genevois une génération qui est responsabl­e de sa faiblesse et dont certains représenta­nts attendent encore leur élection, répond Thomas Juch. C’est dommage, car on a plus de difficulté à placer des jeunes.»

C’est la seconde fois en peu de temps que les Jeunes libéraux-radicaux font la leçon à leurs aînés. Ils ont aussi donné de la voix pour le deuxième tour au Conseil des Etats – où le candidat Hugues Hiltpold et la PDC Béatrice Hirsch ont mordu la poussière. Ils avaient alors appelé à une union des droites avec les Jeunes UDC pour tenter de renverser la vapeur. On verra si ce nouveau débat provoquera des étincelles ou l’ennui profond. ▅

«Ce comité directeur peine à dégager des majorités, il y a trop d’électrons libres en son sein»

THOMAS JUCH, PRÉSIDENT DES JEUNES PLR

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