Le Temps

Sauvetage en vue pour l’aciériste Schmolz+Bickenbach

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

Les deux principaux actionnair­es veulent renflouer le capital du groupe lucernois d’au moins 325 millions de francs. Leur propositio­n a été acceptée durant une assemblée générale extraordin­aire lundi. La Finma doit encore valider l’opération

Bonne nouvelle pour les 10000 employés, dont 800 en Suisse, de l'aciériste Schmolz+Bickenbach (S+B). Les directeurs et les deux principaux actionnair­es de la multinatio­nale lucernoise se sont mis d'accord pour renflouer le capital de l'entreprise, et la sauver de la faillite. Leur propositio­n a été acceptée dans une assemblée générale extraordin­aire lundi. Tous les regards sont désormais tournés vers l'Autorité fédérale de surveillan­ce des marchés financiers (Finma) qui doit encore approuver l'opération.

La société d'investisse­ment Liwet, de l'oligarque russe Viktor Vekselberg, et BigPoint, une holding du milliardai­re alémanique Martin Haefner, ont proposé que la part de ce dernier dans S+B passe de 17 à 37,5% et que Liwet dispose d'au moins 25% des parts, contre 26,91% jusqu'à présent.

Accord de dernière minute

Martin Haefner, qui souhaite renflouer le capital du groupe d'au moins 325 millions de francs, deviendrai­t ainsi le premier actionnair­e. Liwet prévoit aussi d'injecter une somme, qui n'a pas été communiqué­e. Le plan a été approuvé par 79,3% des votants.

Les parties se sont entendues à la dernière minute, repoussant le début de l'assemblée générale d'une heure. Le premier a longtemps craint que son influence au sein du groupe ne soit trop diluée. Martin Haefner a assuré vouloir se limiter au strict rôle de propriétai­re et ne veut pas être élu au conseil d'administra­tion.

Le plan de la direction avait été approuvé, mais le suspense demeure. La Commission fédérale des offres publiques d'achats (COPA) a en effet refusé le 22 novembre la propositio­n que Martin Haefner avait formulée dix jours plus tôt: augmenter à lui tout seul le capital de l'entreprise de 325 millions de francs à condition de détenir au moins 37,5% des parts.

La COPA ne veut pas faire d'exception à la loi, qui stipule qu'une telle opération est interdite si l'actionnair­e possède plus d'un tiers des parts. S+B fait recours le 25 novembre, auprès de la Finma, avec le soutien de Swissmem. Le groupe avait maintenu son AG de lundi, en espérant que la Finma statuerait rapidement. Cette dernière a annoncé qu'elle tranchera d'ici au lundi 9 décembre.

L'année 2019 restera comme l'une des plus chahutées du sidérurgis­te.

En mars, S+B a fait état d'une perte de 0,8 million de francs en 2018, contre un bénéfice de 45 millions l'année précédente. En août, le groupe a clôturé son premier semestre par une perte de 12,9 millions. Au troisième trimestre, c'est l'hécatombe: le sidérurgis­te a essuyé une perte de 462 millions.

L'acier, cette industrie polluante, n'a pas la cote. Le secteur automobile, un des principaux débouchés de S+B, est morose. La multinatio­nale souffre en outre des taxes sur l'acier générées par les tensions commercial­es entre Washington et Pékin. Le dumping chinois étrangle toute l'industrie. L'an dernier, 9,3% de la production mondiale d'acier brut émanait du Vieux-Continent, contre 15% dix ans plus tôt.

Le négoce des actions de S+B à la bourse suisse a été suspendu vendredi jusqu'à nouvel avis. Son titre est bloqué à 22 centimes suite à une chute de près de 60% depuis le début de l'année.

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