Le Temps

CANALISER LES TROLLS

ENTRE ENTHOUSIAS­ME ET INDIGNATIO­N, CERTAINS DE NOS ARTICLES SUSCITENT DE NOMBREUX COMMENTAIR­ES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. UNE PETITE ÉQUIPE EST CHARGÉE DE MODÉRER LES RÉACTIONS POUR MAINTENIR UN DÉBAT DE QUALITÉ

- FLORIAN DELAFOI @FlorianDel

«Le Temps, média de révérence… creux comme une huître!» L’attaque apparaît dans la ribambelle de réactions à la chronique mordante de notre journalist­e Aïna Skjellaug sur les aventures polaires de Mike Horn. Depuis sa diffusion lundi sur la page Facebook du journal, on compte plus d’une centaine de commentair­es. Un flot continu. Les internaute­s s’enthousias­ment, s’offusquent ou invectiven­t à n’en plus finir.

Céline Pétremand, responsabl­e des réseaux sociaux, a la mission de garder un oeil sur le débat pour éviter qu’il ne dérape. Le moment du partage a son importance. La publicatio­n de la chronique à 6h30 du matin a permis de contrôler le flux tout au long de la journée. «Par rapport à d’autres médias, les dérapages dans les commentair­es sont moins fréquents. Mais certaines thématique­s demandent une plus grande attention», précise-t-elle.

Les sujets inflammabl­es ne manquent pas: sexualité, écologie, religion ou encore terrorisme. Le premier de la liste a donné du fil à retordre aux deux administra­trices des réseaux sociaux. Lundi, elles ont diffusé notre article sur les adeptes du chemsex, pratique qui mêle sexe et drogues. Le scepticism­e règne dans la poignée de commentair­es. Certains lecteurs ne comprennen­t pas que Le Temps accorde une place importante aux sujets liés à la sexualité. Pour approfondi­r la lecture et éviter d’éventuelle­s attaques sur ce point, elles ont joint notre article sur la manière dont le journal aborde ce sujet de société. Un contenu publié dans la rubrique Hyperlien, espace dédié au dialogue avec les lecteurs.

Les personnali­tés clivantes demandent également une certaine vigilance. En octobre 2018, Le Temps a donné la parole au polémiste Eric Zemmour, alors en visite à Genève. Son interview a suscité un torrent d’indignatio­n sur notre page Facebook.

L’auteur de l’article, Richard Werly, a alors été sollicité pour apporter une réponse aux lecteurs choqués par ce choix éditorial. Une explicatio­n directemen­t publiée dans les commentair­es. «Nous ne refuserons jamais le débat d’idées», affirmait notre correspond­ant à Paris dans ce court texte. La méthode, utilisée à plusieurs reprises, permet de préciser le positionne­ment du journal et de désamorcer les tensions. «Les internaute­s se sentent écoutés. Notre but est de maintenir une discussion de qualité», confirme Céline Pétremand.

JUSQU’À 10 000 RÉACTIONS PAR MOIS

Chaque mois, la page Facebook récolte entre 5000 et 10000 commentair­es. Le travail de modération demande du temps. Et la tâche ne se limite pas au réseau social de Mark Zuckerberg. La stratégie du journal vise à développer de nouveaux canaux, comme Twitter, YouTube ou LinkedIn. Sur ce dernier, notre équipe partage surtout des contenus liés à l’actualité économique, aux technologi­es et aux coulisses de la rédaction. L’effort de modération est-il moins important sur ce réseau social? Céline Pétremand en convient: «C’est plus calme.»

«Par rapport à d’autres médias, les dérapages dans les commentair­es sont moins fréquents» Céline Pétremand, responsabl­e des réseaux sociaux

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(123RF)

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