«Il existe un potentiel comparable au retour du vinyle»
CINÉMA Pour le directeur de la Cinémathèque suisse, le DVD a encore de l’avenir en tant qu’objet de niche destiné aux cinéphiles
Il y a deux mois, lors de la présentation du projet de réaménagement du cinéma Capitole en Maison du cinéma, vous annonciez la présence d’une boutique spécialisée proposant livres et DVD. Vous croyez donc à la survivance des supports physiques? Si on observe clairement les signes d’une disparition des DVD comme produits de masse vendus dans les supermarchés, je pense en effet qu’ils ont un avenir en tant qu’objets de niche, de cinéphilie. Un assez bel avenir, même, preuve en est des éditeurs comme Potemkine, Carlotta ou Criterion, qui vont plutôt bien en proposant des produits qui sont toujours plus élaborés, avec de nombreux bonus et même parfois des livres. Il existe un potentiel comparable au retour du vinyle.
Des festivals comme Lumière à Lyon ou les Rencontres 7e art Lausanne sont dédiés aux classiques. Le marché du film de patrimoine serait-il également en partie en train de migrer du DVD vers des manifestations dédiées? Je pense plutôt que ces festivals servent la cause du DVD. Lorsque vous allez à Lyon Lumière pour une intégrale Coppola et qu’il y a plein d’autres films autour, vous n’avez pas le temps de tout voir. Un festival est incitatif, il vous poussera à acheter l’édition collector d’un film que vous avez raté. C’est comme avec la musique: vous voyez un artiste à Paléo et le lendemain vous allez acheter ou télécharger son disque.
L’avenir des cinémathèques, à l’heure où le public qui se déplace en salles peine à se renouveler, passe-t-il par la mise à disposition de leurs collections sur des sites de streaming? Nous avons des discussions en cours avec l’Office fédéral de la culture, la SSR et d’autres partenaires potentiels pour la création d’une vraie plateforme suisse défendant le cinéma national en Suisse mais aussi à l’étranger. Mais si nous travaillons à la restauration, à la numérisation et à la conservation du patrimoine, notre rôle est également de développer les offres en salles, car c’est là qu’on profite au mieux des oeuvres restaurées. Cela marche d’ailleurs plutôt bien; même si les gens ont probablement déjà vu les trois films en DVD ou en streaming, ils viennent volontiers à une nuit Le Parrain.
■
FRÉDÉRIC MAIRE DIRECTEUR DE LA CINÉMATHÈQUE SUISSE
«Si nous travaillons à la restauration, à la numérisation et à la conservation du patrimoine, notre rôle est également de développer les offres en salles, car c’est là qu’on profite au mieux des oeuvres restaurées»