Le Temps

Des centaines de postes menacés chez GAM

Fragilisé par l’affaire Tim Haywood, le gestionnai­re d’actifs basé à Zurich pourrait licencier entre 250 et 350 employés, selon l’agence Bloomberg. En un an, la société a vu le cours de son action s’effondrer de 70%

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @EtienneMey­V

Dans la tourmente depuis dixhuit mois, la société de gestion zurichoise GAM pourrait procéder à des réductions d’effectifs. L’agence Bloomberg, citant une source interne anonyme, a estimé lundi qu’elle pourrait licencier entre 250 et 350 personnes. Ce plan, s’il est confirmé, concernera­it donc entre 30 et 40% de l’effectif du gestionnai­re, qui emploie 860 personnes. Contacté, un porte-parole de l’entreprise a refusé de commenter la nouvelle.

Cette annonce constituer­ait une nouvelle étape dans la lente chute du groupe depuis juillet 2018. La société avait alors suspendu un de ses gestionnai­res, Tim Haywood, après avoir été aiguillée par un lanceur d’alerte sur des irrégulari­tés dans la gestion des risques. Ce dernier, licencié en février 2019 à la suite d’une enquête interne, était chargé de la stratégie «absolute return bond fund», ou ARBF, une des plus importante­s du groupe. Ce fonds qui comptait 11 milliards de francs sous gestion devait garantir des rendements quel que soit l’état des marchés financiers.

Les suites de l’affaire Tim Haywood

Suite à l’annonce de cette suspension, les investisse­urs avaient cherché à retirer leurs placements entraînant un gel du fonds par GAM. La société de gestion a ensuite entrepris une liquidatio­n qui s’est achevée en juillet 2019 avec les derniers remboursem­ents de ses clients. La crise de confiance a plus largement touché le groupe durant l’année passée, au-delà du fonds ARBF. En juin 2018, avant la crise, le groupe totalisait 163,8 milliards de francs d’actifs sous gestion et en septembre de 2019, elle en présentait 135,7 milliards.

Ces changement­s devaient permettre à GAM de mettre fin à une spirale négative et de rétablir sa rentabilit­é. En octobre, le gestionnai­re a indiqué être en voie d’achever le plan d’économies sur les coûts de 40 millions de francs annoncé en décembre 2018. Il devait impliquer une réduction de 10% de ses effectifs sans préciser les secteurs concernés. Un chiffre bien inférieur donc à celui avancé par Bloomberg. D’autres mesures destinées à simplifier la structure des affaires devraient

Ce plan, s’il est confirmé, concernera­it entre 30 et 40% de l’effectif de GAM, qui emploie 860 personnes

avoir lieu courant 2020-2021. Toujours selon Bloomberg, Bluebell Partners, un actionnair­e activiste basé à Londres, a envoyé une lettre au président David Jacob, la semaine dernière. L’actionnair­e lui demande d’envisager de séparer les activités du groupe et d’accélérer le renouvelle­ment du conseil d’administra­tion.

Vendredi dernier, GAM avait annoncé le départ de son directeur de l’investisse­ment Matthew Beesley. Ce dernier qui avait rejoint l’entreprise en 2017 ne sera pas remplacé mais assurera la transition pendant quelques mois encore. Ne gérant pas de clients, sa démission ne devrait pas influencer les volumes d’affaires, assure le groupe dans un communiqué.

Direction en partie renouvelée

Ces derniers mois, la société née en 2009 d’une scission avec Julius Baer a procédé à plusieurs changement­s au sein de son encadremen­t. En septembre dernier, Peter Sanderson, ancien de l’américain BlackRock, a pris la direction générale du groupe.

David Jacob, qui assurait jusque-là l’intérim, est devenu président du conseil d’administra­tion au 1er octobre, succédant ainsi à Hugh Scott-Barrett. Enfin, début novembre, Steve Rafferty, lui aussi venu de BlackRock, s’est vu attribuer le poste de directeur des opérations créé pour l’occasion.

Cette affaire a également entraîné un effondreme­nt du cours boursier de GAM. En juin 2018, le titre était valorisé autour des 14 francs. Il s’échange aujourd’hui autour des 3 francs par action. La valeur avait connu un léger rebond en mai dernier avec l’annonce de l’entrée au capital à hauteur de 3% de la filiale anglaise de la société Soros Fund Management, détenue par le milliardai­re George Soros. Mardi, le titre était en hausse de 4,66%.

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